Mon grand-père nous a quittés la semaine dernière.
C’est mon mari qui a appris la nouvelle par téléphone pour ensuite m’apprendre le décès de mon Papi jean. C’est moins violent qu’un mail ou un SMS.
Quand on est loin de ses proches, et que ces derniers ne sont pas forcément « connectés » comme moi, ce n’est pas toujours facile à gérer.
J’ai la chance d’avoir une famille très soudée.
Devoir communiquer par SMS ou mail dans ces moments-là, on va vite à l’essentiel, pas trop le temps de faire de la place à l’émotion.
Au moment où j’ai réservé mes billets sur le net, j’ai pu les transférer directement dans mon téléphone sur une application qui s’appelle Passbook, une application qui te permet d’enregistrer tes billets de train dans ton téléphone. Mon papi qui a travaillé à la SNCF, ça l’aurait épaté de savoir que je pouvais dématérialiser mes billets.
Personne m’accompagnait pour ce voyage, j’ai dû laisser mes deux gars à Paris.
Je n’ai pas eu à m’inquiéter de savoir si j’avais bien les billets, les chercher dans mon sac, mes pensées étaient déjà auprès de ma famille.
Durant le voyage, le contrôleur a flashé le QRcode de mon billet sur mon téléphone.
J’étais épatée et rassurée à la fois d’avoir mes billets.
Les applications mobiles sont faites de façon à ce que tu puisses récupérer le QRcode de tes billets, mais aussi de t’indiquer sur quel quai tu es censée arriver ou partir.
Pouvoir donner la voie d’arrivée de mon TGV à Nantes, ça m’a permis de me faire récupérer aisément par ma petite cousine.
Lui laisser le temps d’aller sur le quai au bon emplacement.
Quel plaisir de voir un visage familier à l’arrivée dans ces moments difficiles.
Durant les obsèques, j’ai pu suivre à peu près les cérémonies car ma famille avait pensé à moi, en me donnant une copie imprimée ou manuscrite malgré tout ce qu’il y avait à penser. J’étais bien entourée pour avoir la possibilité de demander à quel moment on en est dans les textes, malgré la peine.
Il va de soi que ces lieux de culte ou funéraires ne sont pas forcément accessibles. Il faudrait y songer malgré tout (accès, traduction, retranscription, etc…)
Ne pas pouvoir suivre intégralement les échanges m’a permis de voir cette jolie lumière que l’on pouvait voir de temps à autre,
Ne pas percevoir vraiment les tonalités tristes de la musique,
Ne pas subir les intonations des voix des personnels funéraires, même si la formulation était pas toujours aisée pour nous,
Ne pas entendre, parfois, peut aussi atténuer la douleur que l’on a.
Je me suis posé cette question, si je devais avoir à gérer des obsèques, comment est-ce que ça se passerait ?
Comment est-ce que je pourrais faire ?
Est-ce que il y a la notion d’accessibilité dans ces moments difficiles ?
Est-ce qu’il y a des choses déjà mises en place ou pas ?
Est-ce que vous avez déjà connu ces problèmes d’accessibilité au moment où vous avez le plus de mal avec les tracas du quotidien ? Au moment où vous voudriez vous concentrer sur l’essentiel ?
Les pompes funèbres ont beau afficher un numéro de téléphone sur leur vitrine, mais quand on ne peut pas téléphoner, que l’on soit sourd / malentendant, comment on fait ?
J’y reviendrai en temps voulu car aujourd’hui Papi Jean est parti.
Des bises, plein
Cela me fait penser à l’enterrement de ma grand-mère il y a quelques années.
Je ne me suis pas inquiétée sur le moment d’avoir un enterrement accessible car ce n’était pas vraiment le moment d’y penser surtout quand on vient d’apprendre la perte d’un proche.
Mais j’ai été agréablement surprise. Une amie codeuse de ma a pu coder tout ce que disait le rabbin (pas forcément évident quand certaines prières sont en hébreu). Mais en plus, le rabbin qui avait une grosse barbe (ce qui n’est pas évident pour un sourd de lire sur les lèvres) savait que j’étais sourde. Du coup, il a capté mon regard et a fait en sorte que je puisse le suivre en articulant et parlant doucement. Et j’ai tout suivi grâce à ce rabbin très ouvert et très attentif.
Je me souviendrais de toute ma vie de ce regard et de sa barbe toute blanche et toute argenté qui m’a touché du plus profond de mon coeur en me permettant d’avoir accès à ses belles prières.
Il est vrai que même pour un enterrement, il faut songer à l’accessibilité même si on n’a pas forcément le coeur d’y penser car ce n’est pas un moment joyeux. Merci pour ce beau billet !!!
Je t’embrasse très fort.
@Emmanuelle il est évident que je n’y ai pas pensé sur le coup. J’ai eu le temps de penser dans le TGV du retour…
Merci pour ton message.
j’ai assisté à trois enterrements dans ma famille, ils étaient assez difficiles à vivre car ils etaient très peu accessibles pour moi. difficile de rappeler ma surdité à ma famille.. difficile de leur glisser un mot par sms ou par mail pour leur demander de penser à une trace écrite pour moi… difficile de leur dire que non, ce n’etait pas assez, que j’aurais tant voulu suivre tout ce qu’on avait pu entendre au culte, à l’enterrement… difficile pour moi de me dire que ma famille etait profondément dans la peine, qu’on ne pensait pas à moi, que j’aurais du etre moins égoiste avec eux mais je ne l’etais pas, moi aussi j’étais triste… j’aurais tant voulu tout comprendre, la musique, les paroles… pour la personne décédée… je voyais les larmes, la tristesse de plus en plus visible avec les paroles… difficile d’accepter la frustration du moment…
maintenant que je prends du recul, est il normal d’etre « doublement » dans la peine, celle de perdre un être cher et de ne pas pouvoir participer à son enterrement (au niveau accessibilité) ?
Je te présente mes sincères condoléances. Tes questions sont justes comme toujours. Il faudrait vraiment s’y intéresser…
Je t’embrasse.
Je te présente toutes mes condoléances
Je ne suis pas aller au dernier enterrement familial. C’est pas que j’avais pas envie d’y aller mais je savais pas du tout si le lieu de la cérémonie serait accessible en fauteuil ou pas. J’avais déjà été à l’enterrement de mon grand père il y a quelques années. A l’époque je marchait encore. Même si j’avait pas compris grand chose, j’avais pu « faire bloc » avec mes frères et soeur et mes cousins-cousines et c’était plus l’émotion de l’instant qui avait compté qu’autre chose. Mais là je me voyais pas y aller et qu’on doive me porter pour qu’en plus je comprenne rien. Ca aurait été trop violent.
ton témoignage et très touchant et troublant, on ne se met pas assez « a la place des autres » et tes écrits donnent a réfléchir… il y a tant de combats a mener sur cette terre plein de bisous et du courage