Je me suis dit que je n’avais rien à perdre et ne sachant pas par quoi commencer ma journée. J’ai eu assez de motivation déjà pour m’habiller, prendre mon petit déjeuner et faire des choses obligatoires du quotidien que j’ai procastinées au maximum.
J’ai joué avec l’assistant vocal de mon ordinateur comme il m’arrive souvent de le faire avec mon téléphone aussi. Je me suis mise à mon ordinateur et j’ai regardé mon écran. J’avais une fenêtre « découvrez les dernières fonctionnalités de Catalina ».
Je découvre qu’il y a le contrôle vocal, je me dis : « tiens, une bonne façon de tester ma voix et voir si elle est compréhensible par un assistant vocal ».
Petite parenthèse « surdité » : il faut savoir que ces assistants vocaux étaient très mauvais il y a quelques années. Quand on naît sourd et qu’on apprend à parler avec un appareillage auditif, on ne perçoit pas la voix comme une personne entendante. Notre parole est le résultat de ce que nous pouvons percevoir et reproduire sans vraiment être certain.
Ma perception auditive est différente de la vôtre. J’ai appris à écouter et à parler d’abord avec des appareils auditifs. Je n’ai jamais réussi à comprendre des mots avec mes appareils auditifs si je n’avais pas la lecture labiale.
Avec mes implants cochléaires, j’ai appris à comprendre les voix que j’entendais. Comprendre les voix avec la finesse des syllabes que je peux entendre. C’est un détail infime mais c’est ça qui fera que j’ai une voix plus claire, plus compréhensible. La compréhension reste encore exceptionnelle et au prix d’un effort monumental. Ce n’est pas quelque chose qui coulera de source chez moi, écouter et comprendre tout de suite ce que j’entends. Non. Aujourd’hui, j’écoute et je fais des efforts pour comprendre.
Aussi bizarre que ça puisse paraître, « faire des efforts pour comprendre », cela signifie que je mobilise une grande partie de mes ressources cérébrales pour pouvoir analyser les sons que j’entends et à partir de là, je reconstitue les mots selon la longueur par le nombre de syllabes, ensuite les sons que je reconnais « a », « e », « i », etc… et là, mon cerveau se met en marche et me renvoie le signal qu’il a pu reconstituer. Des fois, ça marche, des fois ça marche pas. C’est pas jackpot tout le temps !
Mais la perception auditive avec un implant cochleaire et un appareil auditive est différente. Ma voix a changé depuis que je suis implantée, je l’ai constaté en regardant les différentes conférences que j’ai données. On peut constater une évolution positive dans mon cas.
Je le rappelle : chaque personne est différente.
Ce n’est que mon expérience personnelle.
J’ai une voix qui est moins nasillarde qu’il y a 4 ans. Et pour en revenir au sujet principal : Siri. C’était mon pire ennemi. C’est en train de changer mais il y a encore du boulot je pense.
J’ai tenté d’ouvrir word avec les commandes vocales de mon ordinateur … Siri comprend « world » et pas « word », j’ai pourtant essayé plusieurs prononciations… qui se sont soldées en « merde ». (Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Siri qui l’a compris). Siri qui me répond que ce n’est pas gentil.
Ce qui donne des échanges assez drôles finalement quand c’est un moment où j’ai le temps.
Bizarrement, je me rends compte que le « Dis Siri » ne marche pas sur mon ordinateur. Après, il y a des phrases que je suis obligée de répéter plusieurs fois, par exemple les noms de ville : je dis « Pralognan » il comprend d’abord « Pra-loup » (c’est bien mais je n’y suis jamais allée), « Pralin » (c’est pas des photos de nourriture que je veux, mais des photos de vacances), et je change ma façon de prononcer et là il comprend. C’est comme ça que je me rends compte qu’il y a moyen de progresser mais c’est pas ce que j’ai envie de faire en ce moment.
Si vous dites à Siri « Tais-toi tu es pénible », la fenêtre se referme.
Finalement, est-ce que Siri en fait plus ? avant même que je le demande ? Je ne sais pas encore. Je vais tenter de l’utiliser davantage et j’en reparlerai.
Sur ce, je vais vous laisser. Je vais aller me préparer des carottes vichy. Parait que ça rend aimable.
Siri, ce cher Siri ! Parfois, je me dis que c’est Siri qui est dur de la feuille et non moi ! On lui dit « Claudine » et il comprend » Claude ». Oui mais non, c’est Claudine que je veux appeler, pas mon père Claude…
Siri nous oblige à articuler et avoir une finesse dans la prononciation qui est très forte. C’est très vrai. Moi qui n’articule pas toujours bien – du fait de ma surdité cqfd – ça m’énerve quand au bout de cinq essais, Siri n’a rien compris…
Après, quand je vois mon père, habitué des conférences et habitué à adopter une bonne articulation du fait de ma personne, être confronté aux mêmes incompréhension de Siri… Je me dis que non, nous n’articulons pas si mal, et que Siri a de gros progrès à faire en matière de compréhension.
🙂