Voilà 20 jours que j’ai posé ces mots ici. Quand je les ai posés, je les ai vraiment écrits dans la foulée de l’émotion que je ressentais au moment de l’écriture.
Oui, l’illustration de ce billet n’est pas tout à fait en adéquation, mais j’ai envie de dire que si. On flotte, on nage entre plusieurs eaux, et être en équilibre comme ça, c’est pas si évident. J’avais pas envie de quelque chose de triste.
Ce billet encore une fois ne sera peut être pas structuré comme il le faudrait, en fait, l’important est d’exprimer quelque chose qui ne se dit pas ou ne se partage pas. Et puis, je n’ai pas beaucoup lu de témoignages de personnes handicapées ayant vécu une dépression / burn-out. À toutes fins utiles…
La dépression
Quand le mot dépression est dit, tout de suite, les gens pensent que je suis au fond du lit, sous la couette à ne plus sortir, à ne plus m’habiller. Que je suis une personne paresseuse, que je n’ai pas de volonté, ou d’autres choses dont je pense pas. Mais c’est l’idée que les gens peuvent se faire quand ils entendent ce terme. Je peux me tromper…
Quand une personne déprimée dit qu’elle ne va pas bien, il ne faut pas essayer de lui faire dire le contraire et de prendre ça à la légère. Quand c’est le cas, j’ai l’impression de ne pas être écoutée, que ma parole n’a pas de valeur.
Aujourd’hui, il faut toujours aller bien, avoir la patate, être positif, tout roule sur des roulettes, ça déraille jamais. Ne pas aller bien, c’est pas honteux, c’est un passage pas facile, c’est tout.
Quand je dis que je suis dans ce cas, les gens savent jamais comment se comporter et souvent ça se termine en silence radio, les gens disparaissent ou tu deviens transparente. La dépression, c’est avoir un sentiment de solitude, de manque d’estime de soi, de confiance. Il n’y a rien de plus terrible de se retrouver avec sa solitude, son mal-être.
J’ai de la chance, je suis bien entourée. J’ai vu tout de suite les personnes en qui je pouvais avoir confiance. Ces personnes se sont manifestées en privé et je les en remercie énormément parce qu’effectivement ce n’est pas toujours évident de parler à une personne dépressive. ❤️
La dépression c’est un dérèglement chimique au niveau du cerveau, qui fait qu’on n’a plus l’envie de rien. Tout m’ennuie, tout m’embête pour rester polie. La concentration est réduite à néant, la fatigue est omniprésente. Pourquoi lutter contre tout ça ? Je ne sais pas, mais j’aime pas ce sentiment soyez-en certains.
Ces dernières semaines, j’ai pourtant fait tout mon possible justement pour lutter contre cet état dépressif pour ne pas rester au fond de mon lit, à faire tout ce qui devait être fait, ce qui pouvait être fait, j’ai été le plus active possible. Quand je suis allée voir le médecin, elle m’a dit texto : « Il faut vous reposer ».
Le choc. Intégral. Me reposer ? Poser mes fesses sur un fauteuil ? C’est déprimant ! Ce n’est pas mon style.
Astuce qui fait la différence
Mais un petit « comment ça va ? » ou « n’hésite pas si je peux faire quelque chose pour toi », ça fait toute la différence. Oui, croyez-moi, ça fait la différence. Aussi bien au niveau personnel que professionnel, j’ai vu qui était là. Si vous avez un ami, une collègue qui disparaît des radars, n’hésitez pas à l’appeler, lui écrire, sans pour autant rentrer dans des conversations très longues. Lui montrer que vous pouvez être là.
Le burn-out
Le burn-out, parlons-en aussi !
Le burn-out, c’est quoi ? C’est un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel. J’ai été confrontée plusieurs fois au burn-out. La première fois, il y a 7 ans à peu près, on m’avait demandé de m’investir au maximum de mes capacités de ce que je pouvais faire à ce moment-là, on m’avait demandé de faire mes preuves, oui, même avec une quinzaine d’années d’expérience en tant qu’intégratrice web.
Faire ses preuves en étant sourde appareillée/implantée, essayer de s’intégrer au maximum dans une équipe qui est soudée, au début bienveillante, mais au fil du temps, la bienveillance disparaît, puisque tu es à priori intégrée dans l’équipe même si tu y mets du tien tous les jours, que tu essaies d’adopter les habitudes de l’équipe, que tu essaies de combler la dictée à trous des conversations malgré le bruit dans l’open space, que tu essaies de comprendre le besoin du client qui a été verbalisé en réunion sans aides techniques peut être parfois de temps en temps épaulée par un collègue, que tu es confrontée à des remarques qui peut être sont anodines pour la plupart mais qui peuvent être blessantes. Sans oublier que j’étais déjà au maximum de mes capacités physiques (écoute, compensation, suppléance mentale), de mes capacités émotionnelles et mentales (prendre sur soi les remarques blessantes, prendre sur soi l’effort que j’étais en train de faire pour compenser, pour arriver au niveau attendu techniquement). Ces efforts pouvaient être faits sur un laps de temps court, mais malheureusement, ce laps de temps a été trop long.
Les conséquences ont été désastreuses, puisque ça a déclenché une crise de vertiges très violente, ça a eu des conséquences importantes, la fatigue était tellement importante que ça a occasionné plus de 6 mois de vertiges chez moi.
Et pourtant à ce moment-là, j’en ai parlé à personne. J’ai pas dit que je faisais un burn-out, parce qu’à ce moment-là, on n’en parlait pas, c’était honteux. C’est pour ça aussi que je prends la parole aujourd’hui parce que je ne veux pas que ça se reproduise.
Le monde du travail n’est pas si facile que ça quand on n’entend. (attention, je cherche pas la pitié, je dis simplement les choses).
La surdité, c’est un handicap de communication. Imaginez-vous dans le silence et faire tout ce que vous faites de nos jours sans entendre. En fait, c’est épuisant.
Astuces
Ne pas hésiter à faire des points réguliers avec votre chef hiérarchique, pour mettre les choses à plat, évoquer tout de suite les problèmes qui peuvent arriver au quotidien.
Si vous êtes un encadrant d’une personne sourde / malentendante, ne pas hésiter à lui dire que tout va bien, que vous êtes satisfait du travail réalisé par exemple. (ça le vaut aussi pour les autres)
Conseils
- Bien expliquer ce que c’est la surdité,
- Quelles sont les aides techniques possibles qui peuvent être mises en place, surtout ne pas les refuser sous prétexte qu’on a des super-pouvoirs,
- Sensibiliser son entourage,
- Expliquer pourquoi les open-space ne sont pas bienvenus,
- Ne pas hésiter à se faire confirmer les propos entendus par un collègue lors de la même réunion,
- Privilégier les pauses de silence (oui, mine de rien, se retrouver dans le silence permet de se ressourcer un peu)
- Savoir dire stop.
J’ai longtemps hésité à écrire sur ces sujets, car j’ai conscience qu’en écrivant ce billet il pourrait y avoir des retombées sociales, personnelles et professionnelles. J’espère que ce billet pourra servir d’alerte et permettre à d’autres de s’arrêter à temps.
Une réflexion sur « Dépression, burn-out et handicap, sujets sensibles ? »