Mon parcours professionnel a fait que je me suis orientée vers le domaine de l’accessibilité numérique alors que j’étais au départ destinée à faire du multimédia sur des CD-ROM, support qui a presque disparu aujourd’hui.
L’accessibilité numérique est un sujet qui passionne, qui peut parfois fâcher, qui demande de l’énergie, qui demande à être toujours au fait des nouvelles technologies, qui demande aussi de la diplomatie, qui demande de la pédagogie et de la patience sans oublier l’empathie et la bienveillance.
Aujourd’hui, je réalise des audits d’accessibilité numérique pour accompagner les équipes qui l’ont demandé, pour la mise en conformité d’un site, etc…. Je fais de la sensibilisation parfois. II m’arrive d’écrire des documentations. C’est important pour moi de pouvoir transmettre avec pédagogie pour que les erreurs ne soient pas reproduites ensuite. Mais ce n’est pas toujours évident.
Être sourde et faire des formations qui ne sont pas forcément adaptées à soi, c’est aussi un parcours du combattant que beaucoup peuvent oublier. Les formations que j’ai faites jusqu’à aujourd’hui, de tout mon parcours professionnel, n’étaient pas accessibles y compris les Gobelins.
Je tiens toutefois à remercier tous ceux qui m’ont partagé leur savoir, qui m’ont accompagnée jusqu’au bout, pour leurs efforts et leur disponibilité quand il était nécessaire de m’expliquer certaines choses que je n’avais pas comprises.
Une seule l’a été parce que j’avais demandé aux RH de faire le nécessaire. Il était impensable que je ne sois pas accompagnée à ce moment-là. Ce scribe (si tu me lis, merci infiniment !) qui prenait les notes à ma place, il m’a sauvée. Oui, c’est mission impossible pour moi de prendre des notes et être complètement concentrée sur la formation ou les échanges verbaux qui avaient lieu.
On croit toujours que la personne que je suis, n’a pas de difficultés à suivre une formation lambda. C’est une erreur ! La surdité, c’est un handicap qui touche à la communication, à la maitrise de la langue française. (j’ai simplifié attention !)
Beaucoup d’énergie pour arriver à comprendre les contenus, les interpréter correctement, les assimiler malgré la fatigue et la suppléance mentale.
J’en tire une certaine fierté aujourd’hui parce qu’elle me permet d’exercer le travail que je fais et que j’aime.
J’apprends aujourd’hui à accepter que je ne peux pas être parfaite, que je peux me tromper, que je ne sais pas tout. La crainte que j’ai au fond de moi, fait que je reste encore très prudente.
D’ailleurs, consultante ou experte, c’est une question que je n’ai pas résolue au fond de moi-même. Je sais que j’ai cette compétence, pas celle du développeur car je l’ai toujours dit.
J’ai ce petit plus qui me permet parfois d’avoir un regard différent parce que je suis sourde.
C’est pour ça que je n’ai pas encore écrit sur ce sujet, foutu syndrome de l’imposteur.
Je sais, c’est bête. Je ne devrais pas. Maintenant, vous le savez.
Je vais finir par me lancer, mais il faut du temps. 😀
Quand vous préparez des formations et que vous les proposez à votre public, pensez à les rendre accessible ! Envisagez la possibilité de pouvoir accompagner la personne en situation de handicap pour qu’elle puisse être tout aussi compétente que n’importe qui.
Une réflexion sur « Être sourde et consultante en accessibilité numérique »