Il y a des matins comme celui d’aujourd’hui qui arrivent, ils sont spéciaux.
Spéciaux parce que je suis fatiguée mentalement,
Spéciaux parce que j’ai donné une autre image que celle que je ressens,
Spéciaux parce que le trajet en métro n’est pas toujours marrant,
Spéciaux parce que les tristes nouvelles c’est pas toujours facile à accepter et il le faut,
Spéciaux parce que je veux rester dans ma bulle de silence,
Spéciaux parce que je suis fatiguée mentalement tout simplement.
J’ai envie de silence même si je veux comprendre et voir les personnes qui m’entourent.
Parfois, c’est juste le démarrage de la journée qui est compliqué… Ça arrive à tout le monde.
Parfois, j’ai envie de rendre les armes mais je tiens bon.
Parce que je ne veux pas que la dépression reprenne le dessus.
Parce que je ne sais pas pourquoi je suis comme ça, j’essaie de trouver des excuses, des solutions.
Il faut juste accepter d’être comme ça.
J’ai pris ma tasse de café double ration, mes deux tranches de brioches et je me suis installée pour commencer ma journée de télétravail. La première visio m’a mise de bonne humeur. J’ai continué sur ma lancée jusqu’au déjeuner.
À midi, j’étais inspirée pour écrire mais j’ai été interrompue par mon petit monde. J’ai oublié finalement ce que j’avais en tête.
Quelqu’un hier m’a dit « les écrits restent, les paroles s’envolent ». Cette personne avait raison de me rappeler cette expression.
Cet après-midi, j’ai repris ce que j’avais à faire.
Dans mon métier, je fais des audits d’accessibilité. J’ai à coeur de bien faire mon travail mais ce n’est pas toujours aussi simple qu’on le croit. Je pourrais penser que je suis nulle, que je sais pas, mais en fait, je suis persuadée d’être en apprentissage permanent. Je n’ai pas envie de perdre mon énergie.
Accepter et savoir dire « je ne sais pas », c’est à mes yeux important.
Reconnaître que je peux me tromper, que je me suis trompée, c’est tout aussi important.
Être humble, c’est bien aussi.
Ça ne fait pas de moi une personne mauvaise ou incompétente.
C’est un sentiment désagréable pour moi, mais je reste convaincue que c’est ce qui fait ma force.
Par contre, une chose qui m’agace profondément. Je ne dis pas que tout le monde doit être parfait, tout savoir mais…
les choses simples de l’accessibilité, comme les alternatives textuelles des images, les contrastes de couleur, et bien d’autres choses…
Quand je repense aux remarques qu’on m’a faites au sujet de la mise en accessibilité dans le passé du type « ah mais c’est pas dans le cahier des charges », « on est pas payés pour ça ».
Je dis : Ca suffit.
Même moi, quand je déroule ma timeline des réseaux sociaux, je vois encore des podcasts qui n’ont pas de transcription écrite, et je me dis qu’on m’a encore laissée au bord de la route.
Le monde que j’avais imaginé devient de plus en plus utopique. Je suis fatiguée mentalement de réclamer ce droit qui m’est dû aussi alors que je fais de mon mieux.