Jour 4 du calendrier de l’avent
Assise à mon ordinateur, face à la fenêtre, un chat noir à ma droite et mon smartphone à ma gauche. Je suis prête pour surfer sur internet.
C’est la fin du week-end, samedi j’ai pas beaucoup surfé. J’ai surtout dormi. Les samedis en général, je suis très fatiguée de la semaine et bien souvent mes implants cochléaires ne sont pas actifs le samedi matin. J’ai besoin de cette bulle de silence qui me permet de souffler. Étonnant, non ?
C’est simple, quand je mets mes implants cochléaires, tous mes sens sont en effervescence. Mon cerveau est en analyse permanente de tous ces sons qui nous entourent. Je n’ai pas de pause, ni de silence avec mes implants cochléaires. J’ai un temps calme mais pas silencieux. Je vous vois écarquiller les yeux de surprise, vous interroger sur ce fameux silence. Quand vous êtes dans le « silence », moi je suis dans un silence différent du votre. Mon silence n’est pas le vôtre et inversement. Il n’y a pas de mots simples pour l’expliquer, j’y arriverai peut être un jour… Même si je vous disais que le silence est total, cela ne peut même pas ressembler au silence que vous pouvez avoir quand vous êtes sous l’eau en mer ou en piscine. Sous l’eau, on entend finalement des choses.
Quand j’étais petite, j’étais persuadée que vous pouviez entendre mon silence quand j’étais sous l’eau, avec ma main qui bouchait mon nez et les yeux ouverts. Avec le temps, je me suis rendue compte que non. Nos silences ne se ressemblent pas et ne se ressembleront jamais. Mon audition bionique ne ressemblera jamais à celle que vous avez même si elle est un peu dégradée.
Donc pour revenir à mon quotidien sur internet, nous sommes dimanche soir. J’ai retiré mes implants cochléaires pour écrire. J’apprécie beaucoup ce moment alors que beaucoup d’entre-nous n’aiment pas le dimanche soir nommé le blues sunday.
Pour contrer ce syndrome, il m’arrive souvent de bouger physiquement ou bien de surfer un peu sur internet.
Je lance mes réseaux sociaux parce que vendredi j’avais cousu un vêtement qui s’est soldé par un échec vestimentaire. Je cherchais des informations supplémentaires sur le patron. Pas de chance, il est pas très bien coupé seulement personne n’en parle à l’écrit. Mon réseau Instagram me confirme que ça a été évoqué dans les podcasts.
Intérieurement, je suis frustrée parce que j’ai, d’une part, raté un vêtement
et d’autre part, ces nouveaux moyens de communication utilisés au détriment des blogs ne me permettent pas de récupérer toutes les informations nécessaires pour réaliser certains vêtements. J’ai utilisé du tissu qui ne sera peut être pas portable, donc un investissement financier, du temps perdu, et de la déception.
Ces médias audios ne me sont pas accessibles. J’ai bien conscience que quand quelqu’un réalise un podcast, c’est d’abord pour se faire plaisir et pour s’exprimer. Pas forcément pour faire plaisir aux autres ou alors chercher la reconnaissance de l’autre.
Tous ces podcasts génèrent de la frustration chez moi. Au fil des années, j’ai pourtant amélioré mon audition bien qu’elle soit bionique. Il y a des limites que je ne peux pas (encore ?) dépasser.
Souvent, je demande gentiment à avoir une transcription.
Il arrive que j’aie des réponses négatives de type « je n’ai pas le temps », « je n’ai pas les moyens »… et là, c’est me renvoyer directement face à ma surdité. C’est violent. C’est aussi m’exclure. C’est une manière de me dire non tout en ne le faisant pas puisque cela ne te fera pas plaisir de le faire, cela te prendra du temps.
Si je devais comparer ça à une situation d’une personne valide, ça pourrait être l’exemple type du déménagement. Qui a reçu un message de copains qui demande de l’aide pour déménager ? Les réponses négatives sont nombreuses. Ben oui, qui aime déménager finalement ? C’est fatiguant, ça prend du temps et de l’énergie. Seuls ceux qui sont nos copains nous aideront.
Quand on me répond par la positive pour me mettre à disposition une transcription, c’est évidemment une énorme joie chez moi car je me dis que j’ai réussi à faire bouger un peu les choses. Après, il faut que cette habitude de faire des transcriptions soit intégrée à la réalisation des podcasts. Si on réfléchit bien, le travail peut être fait rapidement si on a structuré son contenu. Ça peut être fait rapidement si on s’applique à parler distinctement aussi pour pouvoir permettre aux intelligences artificielles de reconnaitre les sons et de les transposer à l’écrit.
Quand cela concerne une entreprise, c’est une autre histoire.
Si les gens prennent plaisir à réaliser leur podcast, moi, j’aimerais prendre plaisir à comprendre leur contenu. Devoir demander une transcription gâche forcément mon plaisir. Je me retrouve à quémander alors que je ne voulais que le découvrir.
PS : je suis sourde et j’écoute des podcasts, ça vous étonne ?
Merci pour ce témoignage. J’ai eu la chance d’être éduquer sur le validisme avant de me lancer dans le podcast (Déballe Ton M étissage). J’ai donc une chaîne YouTube avec la retranscription de chaque épisode. Je fais encore des erreurs, mais j’espère qu’on va tous vers plus d’accessibilité.