Ensemble, faisons la différence !

Gros plan sur une cerise rouge posée sur un gâteau à la crème.

Aujourd’hui est la journée mondiale à la sensibilisation à l’accessibilité numérique.

Saviez-vous que vous pouvez avoir un impact bien plus important que ce que vous imaginez dans la vie quotidienne des personnes handicapées ?

Voilà 35 ans qu’Internet existe en France, il n’est pas trop tard pour changer le Web.

Il n’est pas trop tard pour changer vos habitudes, ce sont des petits efforts pour vous mais tellement satisfaisants quand nous connaissons le résultat sur le quotidien des personnes handicapées.

Quelques astuces :

  • Si vous produisez un podcast, n’hésitez pas à produire une transcription,
  • Si vous diffusez du contenu vidéo, n’hésitez pas à y ajouter des sous-titres (sur toute la vidéo), 
  • Si vous organisez un évènement, n’hésitez pas à mettre en place de la vélotypie,
  • Si vous organisez un webinaire, n’hésitez pas à activer les sous-titres.

L’accessibilité est un sujet qui est encore méconnu en 2024. Il est temps que cela change !

L’accessibilité doit être au cœur du projet et pas une cerise sur le gâteau.

Elle doit me permettre d’être comme les autres, sans avoir à me justifier, sans avoir à demander, à me prendre la claque magistrale de la réponse négative qui est quasi quotidienne finalement.

Je ne veux pas devenir la variable d’ajustement de vos projets.

Les personnes handicapées ne sont jamais sollicitées, on leur demande rarement leur avis pour faire en sorte que l’accessibilité soit prise en compte dès le départ. Pourtant, grâce à ça, votre communication pourrait être différente. 
 
Aujourd’hui, je m’engage dans une activité indépendante, car je souhaite mettre mon expertise en accessibilité numérique au service de vos projets.
 
Mon objectif est simple : vous aider à créer des interfaces numériques accessibles (et bien plus encore), et ainsi contribuer à une société plus juste et solidaire.
 
Ensemble, faisons la différence !

Paris – Bordeaux : l’envers du décor

Sophie qui se prend en photo avec la main sur la bouche avec un regard surpris

J’ai finalement réussi à accomplir ce que je voulais faire : réaliser le trajet de Paris – Bordeaux en passant par Nantes et la Vendée à vélo en solo.  

À travers ce billet, j’ai envie de vous donner quelques informations que j’ai omises de vous raconter durant mon périple. Oups.

La pompe à air

Rappelez-vous l’histoire de la sacoche étanche, à l’étape 12 où je parlais de concours de tee-shirts mouillé ! Dans cette fameuse sacoche, il y avait une pompe électronique qui avait pris l’eau. Certaines d’entre-vous avaient suivi l’affaire. Je suis au regret de vous annoncer que cette pompe électronique a rendu l’âme. En fait, elle n’a jamais servi puisque je l’avais achetée au cas où il m’arriverait un pépin avec mes pneus. C’est la mauvaise nouvelle.
La bonne nouvelle est que je n’ai pas crevé une seule fois sur tout le trajet. C’est plutôt chouette.

Côté positif de l’histoire : j’ai toujours 2 chambres à air à ma disposition ! 

Les chutes

Je suis tombée deux fois.
Sachant que j’avais fait une chute il y a 4 ans pendant le premier confinement où j’avais été emmenée par les pompiers d’urgence parce que mon bras était bien cassé. Je m’en rappellerai toute ma vie, être sur la table d’opération en plein covid, 3h après ma chute avec des personnes masquées alors que la lecture labiale est mon mode de communication. J’étais dans un autre monde. 

La première chute a été violente, ma roue s’est enlisée dans le sable dans un virage, je n’allais pourtant pas vite, mais les petites routes dans les dunes c’est pas le meilleur plan. Violente au point que je me suis demandée si je n’avais pas re-cassé mon poignet. 

Je m’en suis pas trop mal tirée avec quelques hématomes plus ou moins importants et placés. Le plus gros bleu, vient juste de disparaître après 3 semaines. Les mitaines m’ont bien amorti le choc. Je vous recommande vivement les mitaines à vélo, que ce soit pour la prise en main du guidon, ou l’amortissement durant les chutes que je ne souhaite à personne ! 

La seconde est une chute bête. J’étais dans une côte, un peu fatiguée à m’apprêter à partir et hop une petite chute en arrière. J’ai eu mal au postérieur mais rien de méchant. C’est cette chute qui m’a fait prendre conscience de la fatigue musculaire, c’était pas rien. Écouter son corps, c’est quelque chose qu’il ne faut pas négliger. Plus de peur que de mal !

Côté positif de l’histoire : les mitaines c’est bien, ça protège. J’ai la marque du soleil sur les doigts, c’est rigolo. La partie supérieure de mes doigts est bronzée contrairement à la partie inférieure. 

La préparation physique

Je dois avouer que je fais du vélo régulièrement, très souvent puisque c’est mon moyen de locomotion. Ce vélo, je l’utilise sur des distances de 3 à 4 kilomètres grand max. Les grandes distances, je les faisais avec mon long-tail. Jamais je n’avais fait de longues distances comme j’ai fait récemment. Le première 50 kilomètres avec ce vélo, c’était un samedi après-midi pour tester mes vêtements, veste, maillot en jersey, cuissard. 

Mais jamais, jamais je me suis préparée pour faire ce voyage physiquement. Ces derniers mois, j’ai bougé moins que d’habitude puisque je me remettais de mon dernier burn-out de l’an dernier — Il faut que ce soit le dernier, ça suffit ! — . Ce périple, j’ai pu le réaliser grâce au mental.
J’ai pris un peu cher au début physiquement, les deux premiers jours mais après, c’est le métier qui rentre comme on dit ! 🙂

Côté positif : Je savais que j’avais un mental têtu, obstiné si on peut dire ça comme ça. Il m’a permis d’aller jusqu’à Bordeaux. 

Les étapes

J’avais préparé le tracé et les premiers arrêts approximatifs en réservant des points de chute pour les premiers jours.
Ensuite j’ai fait au feeling, en réservant la veille pour le lendemain. Je n’ai pas hésité à rajouter quelques kilomètres aux étapes pour que ça ne me coûte pas trop cher vu que je suis en recherche d’emploi. Profiter des arrêts chez les personnes que je connais et que j’apprécie. Merci encore si vous me lisez. Parfois, je partais le matin, je ne savais pas bien où j’allais dormir le soir, j’ai parfois réservé qu’à 14h pour 17h.

Coté positif : J’ai vraiment laissé une part à l’improvisation, je crois que j’aime bien. J’avais fait pareil pour le Japon. Partir avec un billet aller-retour sans vraiment avoir planifié les excursions sur place. C’était pareil cette fois-ci. Les châteaux que j’ai visités et autres curiosités, je ne les regrette absolument pas. J’ai adoré. 

Le silence à vélo

J’ai osé rouler avec mes implants cochléaires éteints. Je ne l’ai fait que deux fois. La première fois, c’était dans la forêt de Chambord, je voulais me sentir en sécurité et tester le silence total. Je dois avouer que ça m’a perturbée de ne pas entendre le roulis de ma chaîne, ou le vent qui effleure les implants cochléaires en faisant une espèce de son indescriptible. Le son du vent. C’est peut être surprenant pour vous que j’aie été perturbée de rouler dans le silence, c’est bien la preuve que je me suis totalement approprié cette nouvelle audition.

La seconde fois, c’est quand j’ai eu le vent d’ouest face à moi, avant Thouaré sur Loire. J’en pouvais plus de ce son désagréable du vent (et encore j’ai la réduction de bruit sur les implants).
Je voulais avancer et me concentrer pour justement lutter contre la force du vent. Ca m’a vraiment aidée, visuellement j’avais la ligne d’horizon de la piste cyclable et aucun bruit, c’était bien. Ne pas entendre le vent, le feuilles bouger, les voitures qui roulaient sur la route, alors que j’étais dans le contre-bas de la piste cyclable, plus rien pour me déranger.

Côté positif : ça m’a reposée !

Futur professionnel

Avec l’envers du décor du Paris-Bordeaux, je peux continuer à prospecter pour mon futur professionnel. Je reste toutefois à l’écoute du marché, sait-on jamais. 

Restez connectés ! 

Au revoir Bordeaux …

Sophie les bras en signe de victoire avec le vélo en arrière plan devant la gare de Bordeaux.

Hier soir, j’ai eu droit à un accueil digne de ce nom. Après avoir fait 80 kilomètres, j’ai évité une énième averse, j’ai eu droit à une pause féline avec Indi, qui m’a tenu chaud aux cuisses. Je suis heureuse de clore ce périple par cette soirée avec Élie et Irene aux discussions joyeuses. Comme on dit, le meilleur pour la fin. 

Ce matin, je me suis réveillée à la même heure que d’habitude. Les habitudes se sont ancrées depuis mon départ. J’avais trouvé une espèce de routine qui m’allait bien. 

Ce matin, ce n’était pas pareil. Je savais que je ne partirais pas pour une distance d’environ 60 à 70 kilomètres pour ma journée. Je savais que c’était le dernier matin loin de chez moi. 

Ce matin, ce n’était pas pareil. 

J’étais dans une maison avec des personnes que je connais. Mon sommeil a été profond. D’une part, parce que j’avais fini mon périple à vélo en solo. D’autre part, parce que je savais que s’il y avait un problème quelconque dans la maison la nuit dernière, j’aurais été avertie au même titre que tous les habitants de cette maison. 

J’en ai pas parlé pour inquiéter personne. Mais tous les endroits où j’ai dormi, rien n’est fait pour alerter une personne sourde s’il y a un danger pendant son sommeil. Les chambres d’hôtes, les gîtes, les hôtels ne sont pas équipés forcément et la plupart du temps, personne ne s’est rendu compte de mon handicap, de ma surdité. Je suis passée inaperçue. Handicap invisible quand tu nous tiens … 

Je vais être transparente mais le sommeil n’est pas forcément le même, on ne dort que sur une oreille, pardon d’un oeil. Je suis parfois obligée de lâcher prise si je veux récupérer par rapport à ma fatigue. C’est pour ça que ma pause de 48h a été bénéfique, je dormais chez ma cousine, elle sait que je n’entends pas dans mon sommeil et en qui j’ai une totale confiance.  De même chez les personnes chez qui j’ai dormi. 

Après un bon petit déjeuner en l’excellente compagnie d’Irene, je me suis préparée pour faire un dernier petit tour dans Bordeaux avec Élie qui a troqué sa casquette d’expert en assurance qualité en guide à vélo de Bordeaux. 

J’ai eu la joie de naviguer sur la Garonne. J’ai eu les larmes aux yeux quand le bateau s’est éloigné de la rive. Il n’y avait pas de plus beau cadeau pour finir ce périple à vélo. 


Passer sous le pont Chaban-Delmas, entendre les moteurs du bateau vombrir. Une émotion intense. L’approche de la ville était différente aussi bien que visuellement que sonore. 

Je suis revenue à la gare où j’appréhendais un peu l’embarquement du vélo, c’est la première fois que je prends le TGV avec mon vélo. Ça a été cocasse, l’ascenseur étant en panne, bah, j’y suis allée en mode warrior. Les escalators (qui descendent) avec mon vélo chargé, remonter l’accès au quai, une longue pente douce. Arrivée à mon wagon, une voyageuse m’a proposé de me prendre mes sacs et les mettre dans le train ce que j’ai vivement accepté. J’ai installé mon vélo pliant en mode pas pliant. Flemmardise quand tu nous tiens ! 


Et me voilà repartie pour Paris, les larmes aux yeux d’avoir réussi à le faire. Des larmes de joie. Voir tous ces paysages en accéléré. De voir la pluie tomber au loin à travers la vitre du train.

Voir ce périple de 937 kilomètres éclipsé en deux heures par le TGV.

Dernière étape : bonjour Bordeaux ! 

Aujourd’hui était la dernière étape de mon périple à vélo en solo. Rallier Paris à Bordeaux en passant par la Vendée, un joli voyage de 937 kilomètres au total. 

Quand je me suis levée ce matin, il pleuvait des grosses gouttes… j’ai attendu 10h pour partir en espérant que la pluie s’arrête ou qu’elle soit plus fine. 

Je me suis habillée en conséquence, c’est à dire que j’avais mon kway de pluie par dessus la tenue habituelle ainsi qu’un pantalon de pluie que je n’avais pas tellement étrenné. 


La piste était belle en partant d’Etauliers. J’ai eu une autoroute de vélo jusqu’à Blaye. C’était parfait.

Le décor a évolué depuis que je suis partie. J’ai commencé avec les châteaux de la Loire, les forêts, les champs agricoles, les dunes, la forêt de pins, pour enfin arriver aux paysages de cépages à perte de vue. 

Du côté de la Gironde, la Dordogne et la Garonne, les paysages sont beaucoup plus vallonnés qu’au bord de la Loire. 

Sur ma route, j’ai croisé quelques belles églises, des cépages, beaucoup. J’ai même remarqué qu’il y avait des tas de bois aux alentours des vignes, je me rends compte que les vignerons se tiennent prêts en cas de gel. C’est impressionnant à voir.


J’ai vraiment pris mon temps aujourd’hui et je n’ai pas vu les kilomètres passer. 

Le ciel était couvert, j’ai eu de temps à autre de la pluie. Il pleuvait, je m’arrêtais pour remettre mon kway et mon pantalon, quand il ne pleuvait plus, je m’arrêtais pour tout retirer. Parce que rouler dans une espèce de sauna, c’est juste pas cool. Le plastique colle aux cuisses. C’est désagréable je trouve. 

Le ciel s’est découvert. Jai eu du soleil, je me suis dit que ça valait le coup d’espérer un peu quand même. J’ai commencé à longer la Gironde et la Garonne plus sereinement. Il y avait de belles maisons en pierre de taille tout le long de la rivière avec des jardins en fleurs, c’était beau. 


À St Vincent de Paul, j’ai pris un pont qui a été construit durant la période Eiffel. On reconnaît bien la structure de la Tour Eiffel sauf qu’elle est bleue pour le pont. Arrivée en haut de ce pont, je me suis arrêtée pour admirer la rivière. Elle était immense, plus large que la Loire. Le débit de l’eau était aussi visible que sur la Loire, on voyait les remous de l’eau. L’eau n’était pas de la même couleur. Plus dans les tons marrons alors que la Loire c’était plus vert. 

En arrivant sur les hauteurs de Bordeaux, j’ai vu le pont Chaban Delmas au loin. J’ai descendu la côte (pas les cheveux au vent mais je suis restée prudente, c’est souvent quand on est fatiguée qu’il peut arriver quelque chose). Je suis allée déposer mes affaires à Cenon et je suis repartie finir cette étape à Bordeaux le nez en l’air. Bordeaux est une ville très cyclable, même si je trouve que ça roule un peu dans tous les sens. Il faut croire que le retour à la civilisation n’est pas aussi simple… après 3 semaines de vélo. 


En roulant, je me faisais la réflexion que c’était l’étape de l’espérance. D’une part, parce que quand j’étais plus jeune j’ai lu une saga de Christian Signol, la rivière Espérance qui raconte une histoire d’un jeune qui veut devenir gabardier, dans le secteur du Périgord, la Dordogne, la Garonne avec Libourne et Bordeaux. 

D’autre part, l’espérance de pouvoir réaliser quelque chose, d’un avenir meilleur que je peux espérer voir arriver professionnellement. 

Et puis, aussi la fin d’une espérance en quelque sorte aussi, j’ai réussi à faire ce que j’avais décidé : rallier Paris à Bordeaux à vélo en solo. Je sais que je l’ai fait et je peux être fière de moi ! 

Cette étape était finalement la plus longue de toutes : 80 kilomètres avec beaucoup de dénivelé. 

Merci à vous qui m’avez suivi durant ce périple en solo. Demain, je reprends le TGV et je rentre à Paris retrouver ma famille. 

Étape 14 : je suis passée entre les gouttes ! 

Route bordée de deux rivières, à perte de vue.

Ce matin, au réveil, le ciel était gris et il pleuvait bien. J’étais un peu dépitée. 

Tu me diras, c’est le jeu ma pauvre Lucette !

La météo, ce sont des prévisions. J’avais vu la météo dimanche dernier pour la semaine. Secrètement, j’ai espéré que la pluie ne soit pas sur mon chemin. Mardi a été la journée la plus froide. Aujourd’hui la journée pluvieuse. 

Ce matin, j’ai hésité à partir. J’ai ressorti mon application RainToday, j’ai regardé les prévisions de pluie. Elle me disait que dans 30 minutes il ne pleuvait plus et j’ai regardé sur la carte le passage des nuages et effectivement, c’était le créneau où il fallait y aller. 

Après mon petit déjeuner, je me suis motivée. J’avais froid et je me suis rappelée que j’avais emmené des jambières. Je les ai rajoutées par dessus mon cuissard. C’était déjà mieux. 

Je suis passée devant la place de St Georges de Didonne, il y avait un groupe de jeunes qui prenait un cours de voile. Les voiles des bateaux étaient orange fluo. Ça claquait sur la plage. Entre le ciel gris, la mer qui était un peu taquinée par le vent, le contraste était énorme. 


Je suis partie en direction de Meschers-sur-Gironde, la route était belle. Le phare de St Georges de Didonne devenait de plus en plus petit quand je me retournais. Je montais progressivement. J’ai senti qu’il y allait y avoir du dénivelé et que j’allais le payer aussi avec la pluie qui était prévue. La côte a changé au fur et à mesure que j’avançais. 

À la place des plages, j’ ai eu des falaises, pour avoir à un moment donné des grottes troglodytes. J’ai hésité à m’arrêter, entre la pluie prévue et les kilomètres que j’avais à faire aujourd’hui. 

Après les grottes, place aux ports et aux petites cabanes portuaires toutes colorées.

 

Le ciel était couvert, ses couleurs allaient du blanc au gris foncé. Intérieurement, je ne voulais pas qu’il pleuve. Ma plus grande crainte est de tomber sur la route en freinant ou en glissant avec la pluie. 

Déjà qu’il y a 4 ans je suis tombée à vélo pendant le confinement, et ça m’avait valu de passer sur le billard et avoir un plâtre par la suite en plein Covid, c’était super joyeux ! Même si je suis vite remontée à vélo, ce n’est pas pour autant que j’adore tomber. 

J’ai eu l’impression de ne pas avancer. Je sais pas pourquoi, les kilomètres avançaient pas comme je voulais. 

Arrivée à Talmont-sur-gironde, je n’hésite pas à faire un passage au petit coin. Parce que depuis que je suis partie, je me rends compte que les hommes n’ont pas ce problème, une envie pressante, ils s’arrêtent et ils se soulagent. Pour ma part, j’ai pas osé mettre mon postérieur à la vue de tous pour me soulager. J’ai eu des étapes un peu difficiles aussi par rapport à ce besoin. Trouver des toilettes, y’en a mais parfois, ça laisse à désirer. Souvent je regrette les toilettes japonaises qui sont d’une propreté immaculée et surtout, avec du papier. 

Après le port, les montées avec un dénivelé de 200 mètres, j’ai eu droit à un beau paysage. Voila que j’avais les cépages de pinot des Charentes, et autres que je n’ai pas identifiés. 


Les nuages sont devenus de plus en plus noirs. L’horizon est devenu trouble. J’ai regardé autour de moi ainsi que mon trajet. J’allais là où le ciel s’éclaircissait. 

À un moment, j’ai cru voir le sosie de Marguerite, la vache de Fernandel. Je me suis approchée et j’ai vu que c’était pas une femelle. J’ai rigolé de ma bêtise. Je lui ai parlé. Elle m’a regardé d’un œil bizarre. 


J’ai continué ma route, qui était au milieu de deux rivières. Encore des belles lignes droites. 

J’ai fait peur à des canards deux fois, je les ai vus prendre leur envol. C’était rigolo d’entendre le battement des ailes qui est bien plus rapide que celui des oiseaux. 

Un peu plus loin, j’ai vu une cigogne s’envoler. Voir ses ailes se déployer, j’avais oublié que c’était immense. J’ai été surprise, je pensais qu’elles étaient en Alsace. J’ai continué ma route et en fin de compte, il y avait un nid à cigognes perché au milieu du champ. Faut croire qu’elles sont pas qu’en Alsace ! 

C’est la plus grosse étape en kilomètres depuis que je suis partie de Paris. 

72,5km ce soir. Je le paie un peu. Je le sens dans les genoux. 

Étape 13 : La forêt à fond les ballons ! 

Sophie avec un grand sourire au premier plan, avec son casque et en arrière plan une pancarte Michelin qui indique saint Georges de didonne, et une autre pancarte rayée qui indique Royan. St georges de didonne est une village fleuri avec 3 fleurs sur 4.

En partant de la Tremblade, le paysage a radicalement changé ce matin par rapport à hier. 

J’ai commencé par de la forêt domaniale. J’ai remarqué que la forêt de pins, elle a beaucoup de feuilles mortes comme si on sortait de l’été. Une sensation de « feuille brûlée par le soleil », ou trop « cuite ». 

C’est peut être un signe du réchauffement climatique. J’ai pas souvenir que dans le passé qu’on voie directement de ces feuilles ou pins orangés au printemps….

Par moments, on y voit des feuilles qui ont des couleurs tendres, on voit que les feuilles sont récentes. 


Après cette partie de forêt, je suis arrivée directement sur les dunes. Quelle surprise après quelques kilomètres de forêt, tomber sur ces dunes qui sont en danger. Il y avait des barrières disant qu’il y avait un risque d’éboulement de la dune côtière. J’ai trouvé ça triste. Cette érosion qui arrive plus vite que prévu. 

J’ai enchaîné à nouveau avec de la forêt, cette fois-ci, c’était plutôt mélangé. Il n’y avait pas que des pins, mais un peu de tout. J’ai trouvé que c’était long, toujours le même paysage, des arbres de chaque côté, de l’ombre en permanence. Quand il y a du soleil par moments, ça va. Je n’avais pas trop froid. Mais quand j’étais à l’ombre, c’était long, sombre et froid. Le sol pas du tout uni, puisque j’avais l’ombre des arbres au sol. Visuellement, j’ai trouvé ça fatiguant. 


De temps à autre, j’ai pris des photos sonores pour une copine aveugle. J’aime bien, moi, sourde, j’entends pas tous les détails. J’ai en retour, les détails sonores qu’elle entend, je compare avec ce que j’ai entendu et ses commentaires. C’est assez complet en fin de compte. Si quelqu’un a des astuces pour prendre le son correctement sans trop investir, je prends ! 

À un moment, le ciel s’est éclairci, les feuillages se faisaient de plus en plus rares. J’ai aperçu un bâtiment coloré. Je n’arrivais pas vraiment à voir. C’était le phare de la Coubre. J’étais contente. Ça changeait un peu de cette forêt qui n’en terminait pas. 


Après le phare, j’ai enchaîné à nouveau avec de la forêt. J’ai accéléré, je ne voulais plus avoir froid, je voulais un autre paysage. 

Et puis, j’étais attendue quand même pour le déjeuner. 

J’ai eu 40 km de forêt sur les 55. Je ne suis pas mécontente de moi d’avoir fait cette partie là avant de déjeuner chez un autre frère de mon oncle. J’y ai passé un très bon moment. 


Je suis repartie de St Sulpice sur Royan, le ciel s’était couvert. Les températures sont tombées pendant qu’on déjeunait. J’ai remis ma polaire, et j’ai refait encore un peu de forêt avant de revenir à Vaux sur mer qui est juste à côté de St Palais sur mer. Et la fin de mon étape était un vrai régal. J’ai longé la côte jusqu’à St Georges de Didonne. Un régal pour les yeux après ce début d’étape fort en forêts. 

Je dois encore oublier des détails, mais ce n’est pas grave. Par contre, j’aime bien quand j’ai des petits mots à lire 🙂 

Étape 12 : Concours de tee-shirt mouillé !  

Pont transbordeur, je suis sous les câbles qui tiennent le pont, on y voit des poteaux en forme de pylônes et une nacelle en bois qui va servir à la traversée

J’ai pris mon petit déjeuner ce matin, face à la mer. J’étais au chaud, j’ai contemplé l’horizon et je voyais l’ile d’Aix et de Ré.
À force de contempler, j’ai vu une tâche blanche du côté de l’île. Il m’a fallu un peu de temps pour réaliser que c’était Fort Boyard qu’on voyait.

Fort Boyard, le père Fouras, tout ça, une partie de ma jeunesse télévisée. C’était une des rares émissions sous-titrées. On le voit beaucoup plus quand la marée est basse, la pierre du fort est très claire. 

Ce que j’ai remarqué ce matin, c’était la bouteille d’eau pas bien fermée au départ de Chatelaillon, je m’étais fait la réflexion, qu’il fallait que je fasse plus attention. Je n’y ai plus repensé de la journée. 

Je n’ai pas pris beaucoup de photos aujourd’hui, il y a eu pas mal de vent, j’ai surtout traversé des zones ostréicoles et des marais. Beaucoup de lignes droites, je ne saurais pas dire combien de kilomètres exactement, mais j’ai eu bien un tiers du trajet avec rien à voir, et que du « roulage ». 


J’ai quand même eu la surprise de voir quelques rapaces, chasser et repartir avec leur proie. Quelques hirondelles m’ont accompagnée aussi. Elles volaient bas ce matin. Mon papi disait que si elles volaient bas, il y a du mauvais temps dans l’air. C’est aussi pour chasser les insectes dont elles se nourrissent, qui eux, sont sensibles à la pression atmosphérique. Il y a eu aussi quelques cygnes blancs dans ces marais. Et enfin, le héron cendré qui prenait son envol, c’était beau de voir ces ailes qui se déploient. 

Je me suis fait la réflexion que j’avais mal préparé le trajet et en même temps, c’est la route de l’eurovélo. Cette portion en Charentes Maritimes n’a pas beaucoup de visiteurs par rapport à la Vendée. 

J’ai contourné Rochefort. J’ai pas vu le port, mais j’ai pris le Pont Transbordeur qui permet de relier Rochefort à Échillais. 

Le Pont Transbordeur est le dernier ouvrage de ce type en France. on traverse la Charente grâce à sa nacelle. Nacelle que j’ai trouvée très stable et silencieuse. 

Vue panoramique de la Route bitumée, bordée d’herbes et d’eau sur les côtés à perte de vue, le ciel est parsemé de nuages


Cette étape était vraiment l’étape de l’introspection. Ces fameuses lignes droites où tu dois te concentrer sur la route, pour pas déraper sur un petit caillou, ça serait bête hein, et c’est aussi le moment où les pensées négatives (et pas que) peuvent venir t’embêter. Tenir jusqu’à l’arrivée. 

J’ai pris le Viaduc de la Seudre à vélo. Je n’y croyais pas, j’étais sur ma piste cyclable et plus je me rapprochais, plus je me disais que non c’était pas possible. Il y a bien une piste cyclable sur le viaduc. Par contre, je l’ai trouvé très long, environ un kilomètre, entre la montée et la descente, j’ai eu toutes les émotions inimaginables.


Quand j’étais au plus haut du pont, j’ai eu l’impression d’avoir gravi l’Everest. 20 mètres de haut, il y avait du vent. J’en ai pas mené large, j’avoue. J’ai rapidement tourné la tête pour voir cette étendue d’eau immense, sans prendre trop de risques pour ma sécurité.
C’était beau, vraiment. Cette sensation, j’ai adoré et je m’en rappellerai longtemps je pense.

Ce soir, en arrivant à mon point de chute, j’ai déballé mes affaires. 

La sacoche est faite pour être étanche contre la pluie. Je peux vous confirmer qu’elle est aussi étanche de l’intérieur ! 

J’avais un fond d’eau d’environ 3 cm au fond de la sacoche. Mes affaires ont voyagé dans l’eau. Par chance, j’avais des sachets zippés. Le seul dégât que j’ai pu constater ce soir, c’est ma pompe électronique… pour regonfler mes pneus si besoin. Elle ressemblait plus à un cadre-sablier qui a de l’eau et on y voit le niveau de l’eau bouger. Je ne sais pas si ça vous parle, mais j’ai pas trop rigolé sur le coup. Je l’ai mis à sécher sur le radiateur, on verra demain si ça fonctionne.

Heureusement que j’avais mis toute la partie électronique et chargeurs dans l’autre sacoche ainsi que mes vêtements. Je suis au regret de vous dire qu’il n’y aura pas de concours de tee-shirt mouillé ! 🙂

Ce soir, je dors à la Tremblade. Une belle étape de 64 kilomètres aujourd’hui. 

Étape 12 : je suis passée à La Rochelle !

Selfie avec le tours de La Rochelle et le vieux port en arrière plan

La première partie du trajet entre Marans et La Rochelle était bien, la route était bien balisée. J’ai juste évité les trous, comme toujours. 

Comme la veille, j’avais cette crainte que ce soit une route qui soit exposée au vent. En fin de compte, elle était plutôt à l’abri du vent sur les 10 premiers kilomètres. Les 10 suivants étaient soumis au vent, mais surtout la route était à l’ombre. Une fois sur deux, j’enlevais et remettais ma polaire, j’ai fini par la garder jusqu’à l’aquarium ! 


Sur le trajet le long du canal de Marans à La Rochelle, il y avait de nombreux randonneurs, cyclistes du dimanche mais aussi les pêcheurs. Certains étaient directement engonces dans les herbes comme mon père au bord du marais quand j’étais petite, d’autres ont la chaise de camping pliante et les derniers la chaise de compète avec la tablette pour y mettre la pâtée  des poissons. J’y ai même vu des croquettes pour chien, histoire d’appâter la poiscaille ! 

Arrivée à La Rochelle, j’ai eu de l’émotion à voir la Tour de la Chaîne, la Tour de saint-Nicolas et la tour de la Lanterne un peu plus loin. Je me suis dit que j’y suis arrivée, à venir à vélo ici. 

J’ai tenté de prendre une table, mais le restaurateur très désagréable sur le port m’a fait changer d’avis. Je suis allée au café Leffe. Il y avait de la place à l’intérieur, les serveurs très gentils. Et ma galette complète énorme ! Je me dis que finalement c’est pas plus mal. Toujours essayer de tirer le positif de ce qui m’arrive. C’est la leçon que je retiens. Tout ce qui m’est arrivé jusqu’à présent, il faut que j’en retienne le positif, alors des fois c’est plus compliqué mais je vais y arriver. 

Le ciel commençait à se couvrir, le vent à se lever. J’avais froid. Ça tombait bien, j’ai visité l’aquarium de La Rochelle. 

Côté pratique : il y a des consignes si les bagages sont pas trop gros. J’ai payé un euro par bagage. Le tarif réduit personne en situation de handicap (psh) est 16 euros, soit deux euros de moins que l’entrée à tarif plein. C’est une toute petite réduction. 


J’ai trouvé certaines choses bien faites dans l’aquarium, après avoir fait quelques uns du Japon, de Monaco. Il y a une simulation du mouvement de la mer, et tu y vois les poissons dans l’eau en mouvement. C’est différent de ce qu’on peut souvent voir. Il y avait aussi une verrière de vague au plafond, on y voit les poissons nager sous les vagues comme si c’était vrai. 

Le point négatif : un dimanche, tu as les cris d’enfants, les parents qui n’expliquent pas forcément à leur progéniture qu’il ne faut pas taper aux vitres. J’avoue que c’était un peu agaçant pour moi, serais-je en train de vieillir ? Ou plutôt je trouve que le respect n’est plus ce que c’était. J’ai éteint mes implants cochléaires, au moins j’étais comme les poissons.

Quelqu’un m’a demandé sur Mastodon, si j’avais croisé des bêtes à poils tels que les ragondins… j’avoue que j’en ai pas vu. J’ai surtout vu des chevaux, vaches, ânes, poneys et des moutons. Après des bêtes à plumes, j’ai vu des hirondelles, mésanges, faisans poules, poules d’eau, canards, pigeons, faucons, colibris et des cygnes. Je dois en oublier.  

Avant d’arriver à Chatelaillon-plage ce soir, un petit enfant était tombé sur la piste cyclable. Sa grand mère était en train de le relever. Je me suis arrêtée car un cycliste auparavant m’a signalé la chute. J’ai demandé si tout allait bien. Visiblement, l’enfant a voulu essayer sans les mains sur le guidon. J’ai souri intérieurement. Qui n’a pas essayé ? J’ai donné un peu d’eau et un mouchoir. Il allait mieux. Je lui ai montré un bobo que j’avais en lui disant que ça arrivait à tout le monde de se faire mal, réconforté, il est remonté sur son petit vélo et il est reparti. 

Cabane ostréicole en front de mer. On y voit ciel bleu parsemé de nuages


J’ai vu des cabanes ostréicoles en arrivant à Chatelaillon. J’ai trouvé ça beau. Ce soir, je suis sur la plage, j’ai écrit ce billet sous la chaleur des rayons du soleil alors j’ai eu froid une bonne partie de la journée.

Après cette journée, je sens mes joues chauffer malgré la protection solaire. Faut dire que le vent, ça joue aussi…

Étape 11 : je suis sortie de ma zone de confort

Petit chemin qui est pourtant le tracé de la velodyssee. Il fait à peine 20 cm de large et est bordé d’herbes.

J’ai quitté St Vincent sur jard ce matin, il faisait frais mais le soleil était là. Ça compense sur la fraîcheur. 

J’ai longé les côtes jusqu’à la Tranche sur mer. Tantôt, des forêts domaniales de pins, tantôt de la piste cyclable le long de la mer. 

Cette alternance était pas mal sur les 30 premiers kilomètres. 

Je me suis rendue compte que je sortais de ma zone de confort quand j’étais en forêt, pourquoi ? Le sol est blanc, quand le soleil est haut, il y a une sorte d’ombre chinoise des arbres et de leurs feuillages. 

Ces ombres font que je ne vois pas forcément les trous qui sont sur le chemin et je les évite trop tard. Les prendre de plein fouet alors que je n’ai pas d’amortisseurs sur mon vélo, c’est un peu rude ! 

Je me suis rendue compte hier soir en parlant avec Marie-Andrée, que j’avais perdu la notion du temps. Je ne me rappelais plus quel jour on était hier. 

Preuve que j’ai totalement déconnecté de la réalité et que je ne suis pas pressée de retourner à la civilisation bien qu’il le faudra à un moment donné ! 

Par curiosité, j’ai pesé mes sacoches avant de partir de St Gilles Croix de vie, je voulais en parler et j’ai oublié. En ayant pris le strict minimum, mes sacoches font respectivement 6 et 7 kilos. Côté technique, j’ai quand même un équipement de pluie (veste, pantalon), une paire de baskets supplémentaires au cas où la première paire serait trempée, deux chambres à air, des rustines, des outils pour changer les pneus, une pompe électronique, des réflecteurs pour la route, un gilet jaune, une microfibre pour essuyer le vélo quand il est un peu trop sale ainsi que le chargeur de la batterie. 

Dans l’autre sacoche, il y a ma polaire, trois tee-shirts, un pantalon en fibre de bambou, un short, des sous-vêtements, mes 3 pads que je peux changer dans mon cuissard. 


C’est un cuissard où tu ne changes que le fond, (qui fait aussi pad menstruel, ça a son importance aussi) et ça prend beaucoup moins de place. Trousse de toilette, pharmacie d’urgence et solaire, trousse numérique qui contient le chargeur de mes implants cochléaires, mes câbles pour ma montre, mon téléphone et mon iPad, du ravitaillement alimentaire ainsi que mes deux gourdes d’eau pour la journée. 

Après, je dois dire que les 20 derniers kilomètres, je les ai trouvés sacrément longs. L’endurance mentale en a pris un coup, je me persuadais toute seule que ça allait être sympa à chaque virage, descente, mais quand tu ne connais pas le chemin, tu repousses tes limites en permanence. 

Des lignes droites dans les marais, exposée de plein fouet au vent, la poussière de la route et au soleil. Une chose est certaine, en rentrant à Paris il faudra que je change les filtres de mes implants cochléaires car le son sera dégradé je pense avec tout ce sable, cette poussière qui s’est accumulée le long de ce voyage. Je réalise que ça fait déjà presque deux semaines que je suis partie de Paris. 

J’ai été accompagnée par les oiseaux cette fois-ci. J’ai aussi essayé de prendre des empreintes sonores de la mer, des oiseaux, des bruits alentours pour les copines aveugles. Comment faire pour éviter d’avoir le bruit du vent dans mon enregistrement ? Si vous avez des astuces je prends ! 

Port de Marans. Allée pavée autour du port. les bateaux sont amarrés, le ciel est bleu avec des nuages parsemés.

Ce soir, je suis à Marans. Un très joli petit village qui a un port. 

Cette étape de St Vincent sur jard – Marans fait tout de même 64,4 kilomètres.

Demain, direction La Rochelle ! 

J’ai vu la mer

Je suis partie ce midi de Saint Gilles Croix de vie, après ma pause familiale. 

J’ai vu la mer,

J’ai vu ma grand-mère. 

J’ai vu la mer, j’en ai pleuré. 

Ça faisait 2 ans que je n’étais pas venue sur les côtes vendéennes. Retrouver ces paysages si familiers, ces odeurs de gourmandises, ces chouchous, ces espèces de cacahuètes pralinées, des crêpes quand j’ai traversé ces villages, d’iode, du vent et de forêt. 

J’ai vu ma grand-mère, j’en ai pleuré. 

Elle a désormais 95 ans. 

La dernière fois, j’avais eu beaucoup de chance, car la maladie d’Alzheimer était bien avancée. Elle ne reconnaissait déjà plus beaucoup de monde. Elle m’avait reconnue.

Cette fois-ci, j’ai cru voir un flash de bonheur dans ses yeux quand je suis arrivée. Je me suis accrochée à ce flash de bonheur, un flash de 30 secondes. Je me persuade encore qu’elle m’a reconnue 30 secondes. 

Mais je ne saurai jamais vraiment. 

Ce flash de bonheur s’est vite éteint, pour se transformer en simple curiosité tout simplement. 

J’étais une inconnue parmi d’autres. 

C’est difficile de voir ta grand-mère qui ne te reconnaît pas. 

C’est difficile de ne pas lui dire je t’aime parce qu’elle comprendrait pas pourquoi. 

C’est difficile de ne pas perdre pied face à ses questions et de rester joyeuse malgré tout. 

C’est difficile de ne pas savoir si je la reverrai. 

C’est difficile de repartir de là-bas et de la laisser. 

C’est pourtant ce que j’ai fait après cette pause, je l’ai laissée. Je suis partie pour continuer mon périple à vélo. J’en ai pleuré sur la route. 

Il arrive que l’on pleure non pas parce qu’on est triste, mais parce qu’on a été forte trop longtemps. 

J’ai continué ma route sur les côtes vendéennes. Le ciel était bleu, sans un nuage. Rien ne pouvait venir assombrir cette journée. J’ai traversé des forêts, des criques, des endroits où l’érosion de la mer est très impressionnante, des marais, des villages. 


J’ai écouté le ressac des vagues à la sortie de Bretignolles sur mer, les vagues qui s’échouaient sur les rochers, avec le bruit du vent qui effleurait les implants cochléaires. 


J’ai entendu les mouettes dans le port des Sables d’Olonnes. 


J’ai vu un banc de poissons dans le Port d’Olona. L’eau était pas transparente mais assez claire pour qu’on puisse y voir ce petit banc de poissons, sous le reflet du soleil sur l’eau. 


Dans la baie de Cayola, c’était plutôt désert, mais j’y ai bien vu l’érosion de la côte malgré la plage de galets. 

Durant cette étape de la vélodyssée, j’ai croisé beaucoup plus de monde que sur la Loire à vélo. 


J’ai terminé l’étape à St Vincent sur jard où je dors ce soir après avoir dîné avec le frère et la belle-sœur de mon oncle où j’étais hier soir. Des retrouvailles encore une fois, qui m’ont fait très plaisir, je me dis que finalement, j’étais un peu triste mais je termine sur cette note positive. Entre la bonne humeur et la beauté de ces côtes vendéennes. Une étape de 62 km ! 

ce billet est dédié à ma mamie.