Première rentrée pour So accessible : Top départ !

Capture d'écran du site internet de So accessible


Voilà 15 minutes que je tourne en rond pour écrire un post de rentrée plein d’enthousiasme avec un soupçon d’appréhension : c’est ma première rentrée en tant qu’entrepreneuse.

L’été m’a permis de réfléchir, de mûrir mon offre, de préparer, de travailler pour ce moment tant attendu.

J’avais fait un peu de teasing sur ma nouvelle aventure en juin dernier avec la publication de mon logo.

Aujourd’hui, je lance mon site web : https://www.so-accessible.fr

Il est la vitrine essentielle de mon activité, où je vous propose 3 services clés pour vous guider sur le chemin de l’accessibilité : l’accompagnement, la formation et l’audit.

Avec les Jeux Paralympiques qui suscitent un engouement auprès du public, j’ose espérer une prise de conscience sur le sujet de l’accessibilité numérique mais aussi de l’inclusion.

Prêts à prendre en compte l’accessibilité numérique dans vos projets ?
Contactez-moi pour échanger sur vos besoins !

Ensemble, faisons la différence !

Alors, c’est quoi ta prochaine aventure solo ?

So Accessible, le logo

Je me suis rendue compte qu’à l’évènement a11yParis, que cette question était revenue souvent.

« Alors, c’est quoi ta prochaine aventure solo ? »

Je crois que je vous ai habitués à ces surprises. 

C’est vrai que partir seule au Japon a surpris certains d’entre-vous. Ça a été un voyage génial qui m’a permis de me retrouver, de me recentrer sur mes valeurs, mes envies. 

En 2024, il me fallait encore des défis. Le goût de l’aventure solo me manquait. En recherche d’emploi, j’ai décidé de prendre mon vélo pour faire Paris – Bordeaux, j’avais encore besoin de réfléchir. Découvrir, tester des choses par moi-même. 

Cette nouvelle aventure solo, elle me trottait dans la tête depuis un moment. 

L’accessibilité numérique est un sujet qui m’accompagne quotidiennement depuis plus de 20 ans. Toutes ces années à partager, sensibiliser, avec mon vécu de personnes sourde. 

Aujourd’hui, je veux aller encore plus loin. 

J’accompagnerai positivement les entreprises dans leur démarche d’accessibilité numérique. 

Je veux contribuer à rendre un web plus inclusif et humain, à ma façon. Accompagner avec pédagogie et humour, montrer que c’est un sujet qui peut être bien plus qu’on le croit : utile. Aider mes clients à faire de l’accessibilité une priorité. 

J’ai le plaisir d’annoncer le lancement de So Accessible, l’accompagnement positif de vos démarches d’accessibilité numériques.

Contactez-moi dès aujourd’hui sur bonjour arobase so-accessible.fr pour discuter de votre accompagnement positif sur-mesure et obtenir un plan d’action.

Ensemble, faisons la différence !

A11Y Paris

Scène d'A11YParis où sont assis Frédéric Halna et Manuel Pereira sur des fauteuils rouges pour l'ouverture de l'évènement.

A11y Paris est devenue une des conférences incontournables du secteur de l’accessibilité numérique.

Pas moins de 600 personnes étaient présentes ! C’en est devenu impressionnant à voir.

C’est toujours un plaisir de suivre les conférences qui sont transcrites à l’écrit et interprétées en langue des signes. Merci AcceoTadeo.

J’ai pris plaisir à revoir tout le monde, y compris rencontrer de nouvelles personnes ou même apercevoir quelques têtes !

Les thématiques des conférences et les tables rondes m’ont confirmé qu’il fallait commencer par sensibiliser les décideurs et les dirigeants mais aussi les équipes, l’inclusion des utilisateurs handicapés dès le début des projets sans oublier la solidarité de la communauté des experts sur les différents référentiels : ces trois grands axes sont gages d’une accessibilité universelle.

Les conférences étaient source de motivation, d’humanité, d’enthousiasme, d’engagement qui même parfois était un peu trop vif car le sous-titrage a eu du mal à suivre… (la prochaine fois, pensez à respirer quand vous parlez, ça m’aidera à vous suivre 😉)

Avec en prime pour moi, la mission qui m’avait été confiée concernant le prix d’utilisabilité avec Hélène Kudzia-Pinto da Silva pour le concours des écoles ainsi que la signature de la charte d’engagement sur l’audit de conformité du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) en tant que professionnelle de l’accessibilité numérique.

Je n’ai pas participé à cette seconde journée même si les conférences d’aujourd’hui étaient toutes aussi intéressantes qu’hier, je sais par expérience que l’accessibilité des ateliers pour les personnes sourdes et malentendantes sans aide technique, c’est pas toujours une mince affaire et parfois source de déception. J’ai préféré rester sur une note positive !

🚲 Comparé à une journée de vélo, c’était bien plus fatiguant, mais ô combien source d’énergie et de ressources pour la suite qui s’annonce tout aussi palpitante.

Je n’oublie pas également de remercier Frederic Halna et Manuel Pereira pour votre engagement.

Restez connectés ! La prochaine aventure solo est dans les tuyaux.

La visioconférence quand on est sourde

Méduse blanche qui navigue dans une eau bleue

Plus que jamais, le sujet de la visioconférence est d’actualité, surtout quand on est sourde. Je viens de passer 4 heures à participer à un atelier, où j’ai tout de même pu utiliser de mon côté un outil de transcription instantanée de la parole. Cet outil m’a largement permis de comprendre et heureusement !

Mais ça ne fait pas tout.

Mon cerveau déploie une énergie folle à écouter ces sons, voir ces lèvres à l’écran que je décrypte. Malgré le fait d’avoir signalé qu’il fallait allumer la caméra, éteindre son micro parce que les bruits parasites n’aident pas.

Quand vous êtes en visio, essayez de retenir cette astuce : présentez-vous visuellement comme vous voudriez voir à l’écran, de manière agréable et efficace.

Je viens du temps avec des personnes qui n’ont aucune sensibilité au handicap. 

J’ai énuméré une liste de situation qui ne me permettent pas de suivre correctement : 

  • La caméra désactivée, à aucun moment, je ne savais même pas si la personne était derrière son écran,
  • La personne en contre-jour, je n’ai vu que le contour de sa tête, ou alors la moitié de son visage recouverte d’un halo qui ne me permettait absolument pas de faire de la lecture labiale,
  • La personne sur son mobile et qui parfois à force de porter le téléphone à bout de bras le posent sur la jambe qui n’est pas sans repos, où vous voyez l’image vibrer comme si vous étiez sur un engin lancé à pleine vitesse,
  • La caméra décentrée, où j’ai vu par à coups, une chemise bien repassée ainsi que son col, ou encore le haut de la tête avec la bande du casque audio qui coiffe le visage, une main qui se tient le haut du crâne rasé comme si la visio était difficile à supporter,
  • Le haut du visage visible sur l’écran, avoir une impression désagréable de jouer à « qui est qui » ou au memory,
  • La personne en train de sortir de son bâtiment alors que l’appel n’est pas terminé, on y voit les portes s’ouvrir, parcourir des couloirs, et bien d’autres choses encore, sans oublier que l’image fluctue en qualité et mouvement,
  • La personne en train de tester son arrière-plan pendant la visio, voir une personne qui est chez elle dans son décor, et y voir tout d’un coup un paysage de plage au coucher du soleil.

Sachez que pour moi, une visioconférence est toujours très énergivore, sans oublier qu’il y a une suppléance mentale en permanence active, avoir la capacité de mémoriser en même temps que je fais de la suppléance mentale c’est un exercice qui pourrait ressembler à grimper l’Everest. Cette prouesse célébrale est mise à rude épreuve en permanence.

Souvent, j’en ressors lessivée, rincée. Et bien souvent, j’ai pas la capacité de me rappeler de tout ce qui s’est dit puisque je ne peux pas écouter et noter en même temps (il y a des astuces, je sais, mais faut que vous le sachiez que c’est compliqué).

Songez à l’avenir, pour votre image, pour le bien des autres, à faire des efforts de présentation, c’est peu d’énergie pour vous, beaucoup d’économies pour moi.

Ensemble, faisons la différence !

Gros plan sur une cerise rouge posée sur un gâteau à la crème.

Aujourd’hui est la journée mondiale à la sensibilisation à l’accessibilité numérique.

Saviez-vous que vous pouvez avoir un impact bien plus important que ce que vous imaginez dans la vie quotidienne des personnes handicapées ?

Voilà 35 ans qu’Internet existe en France, il n’est pas trop tard pour changer le Web.

Il n’est pas trop tard pour changer vos habitudes, ce sont des petits efforts pour vous mais tellement satisfaisants quand nous connaissons le résultat sur le quotidien des personnes handicapées.

Quelques astuces :

  • Si vous produisez un podcast, n’hésitez pas à produire une transcription,
  • Si vous diffusez du contenu vidéo, n’hésitez pas à y ajouter des sous-titres (sur toute la vidéo), 
  • Si vous organisez un évènement, n’hésitez pas à mettre en place de la vélotypie,
  • Si vous organisez un webinaire, n’hésitez pas à activer les sous-titres.

L’accessibilité est un sujet qui est encore méconnu en 2024. Il est temps que cela change !

L’accessibilité doit être au cœur du projet et pas une cerise sur le gâteau.

Elle doit me permettre d’être comme les autres, sans avoir à me justifier, sans avoir à demander, à me prendre la claque magistrale de la réponse négative qui est quasi quotidienne finalement.

Je ne veux pas devenir la variable d’ajustement de vos projets.

Les personnes handicapées ne sont jamais sollicitées, on leur demande rarement leur avis pour faire en sorte que l’accessibilité soit prise en compte dès le départ. Pourtant, grâce à ça, votre communication pourrait être différente. 
 
Aujourd’hui, je m’engage dans une activité indépendante, car je souhaite mettre mon expertise en accessibilité numérique au service de vos projets.
 
Mon objectif est simple : vous aider à créer des interfaces numériques accessibles (et bien plus encore), et ainsi contribuer à une société plus juste et solidaire.
 
Ensemble, faisons la différence !

Retour d’expérience sur la certification Opquast

Livre avec plein d'onglets collés sur les rebords des pages, posé sur un sol en bois. La couverture indique : Assurance Qualité Web. La référence des professionnels du web, sous la direction d'élie sloïm et laurent denis. Préfaces d'amélie boucher et matt may. 240 règles.

L’assurance Qualité Web d’Opquast est composée de 240 règles à comprendre et à assimiler. Il y a une certification à la fin pour valider l’acquisition de ces règles.

Vous pouvez comprendre de quoi parle le professionnel du web quel que soit sa place dans la chaîne de production car l’assurance Qualité Web est transverse. En apprenant le schéma VPTCS (Va Pas Te Croire Supérieur), je suis certaine que je m’assure d’être également comprise et reconnue par mes pairs (j’espère !).

Op-kou-ast, c’est comme ça que je le prononce.

Cette certification qui permet d’assurer un vocabulaire de base à tout professionnel du web quelle que soit son expérience. Une développeuse n’est pas une designeuse d’interface, une experte accessibilité n’est pas une rédactrice web. Bref, chaque poste a ses spécifications et vocabulaire.

J’avais passé cette certification en 2017 en candidat libre. J’ai un passif d’intégratrice web de l’an 2000 (qui n’est plus le même métier qu’aujourd’hui). Il me permet de comprendre le code que je lis. Le web a évolué et je n’ai pas acquis pour autant des compétences en design, en interfaces UI ou UX, encore moins en SEO. J’ai orienté ma vie professionnelle vers le domaine de l’accessibilité numérique. Cette partie m’a été plus facile à assimiler tout comme un designer UX aura une appétence pour l’UX.

L’interface et les règles de l’assurance ont évolué avec le temps, avec le web. C’est la quatrième version, il y a une prise en compte des techniques utilisées à l’heure actuelle et sont toujours d’actualité (donc robustes).

Elles ont été diffusées également en anglais et en espagnol. L’internationalisation de ces règles est intéressante car cela veut dire que je pourrais également communiquer sur ces règles en anglais par exemple si je devais avoir un prestataire anglophone.

Sur cette plate-forme, sont proposés des exercices, un glossaire, des fiches de lectures, des vidéos, elle est pleine de ressources pour celui qui a soif d’apprendre. Le livre est un support que j’ai apprécié, je trouve que c’est plus facile sur un livre. J’ai reporté sur le livre les règles que je ne comprenais pas bien pendant les exercices pour pouvoir les revoir après. Chacun apprend à son rythme et à sa façon. Ce n’est pas un livre mais une bible.

L’avantage de la plate-forme est que j’ai pu décider moi-même des sessions d’entraînement en fonction de ma charge de travail, à l’heure que je voulais et ce pendant trois mois. Merci à mon employeur numerik-ea qui m’a libéré du temps pour que je puisse revoir les règles d’assurance qualité web sereinement.

La surdité est un handicap de communication si je peux oser le dire, la maîtrise du français est assez particulière quand on est sourde comme moi. La maîtrise des règles d’assurance qualité web sont parfois ardues durant la certification comme tout examen parce que c’est basé entre autres sur la compréhension des termes, quoi qu’on en dise, c’est important pour avoir tous et toutes le même vocabulaire acquis.

Quant à l’accessibilité de cette certification, je n’avais pas de doute ! Les vidéos sont sous-titrées et transcrites. J’avais le choix pendant ma certification de regarder soit la vidéo ou de lire le transcript de celle-ci. Quel bonheur d’avoir le choix.

Avoir le choix de ne pas mettre mes implants cochléaires, profiter de ce silence assourdissant, de choisir ce que je veux lire : la vidéo ou le transcript. Peu comprendront ce que je dis mais ce n’est pas grave, je le répète : quel bonheur !

L’équipe Opquast est à l’écoute des futures certifiées puisqu’un support par chat / email est disponible pour répondre aux éventuelles interrogations / incompréhensions .

Il est possible d’avoir un tiers-temps en plus pour ces personnes handicapées pour l’examen en faisant la demande en amont. C’est un droit que je n’ai pas exploité cette fois-ci car j’ai encore voulu faire ma maligne 🙂 en passant la certification au moment que je le voulais sans prévenir personne pour être tranquille.

J’ai souvent recommandé cette certification à toute personne qui débutait dans le domaine du numérique quel que soit son poste, c’est un langage transversal que vous pourrez utiliser tout au long de votre carrière et en plus, vous ne serez jamais seuls avec Opquast, il y a toute une communauté derrière. Vous pouvez dés à présent tester avec le module Opquast Start.

Une chose est certaine, votre base de connaissance sera renforcée et vous en sortirez grandi de cette expérience. Moi y comprise, j’ai acquis le niveau supérieur à celui de 2017.

Pour finir, mes règles préférées sont la 90 et 117. Je vous invite à aller la chercher et on en discute en commentaires ? 🙂

PS : Je précise que ce billet n’est PAS un publi-reportage.

A11YParis, le rassemblement de l’accessibilité !

Scène de la conférence avec au centre le solide qui présente les mécènes, du sous-titrage en dessous, une interprète en langue des signes sur la droite de l’écran. Sur chaque côté, un gigantesque panneau représentant l’affiche de la conférence A11yParis. Sur la scène, on voit Anthony Martins-Misse animer l’évènement avec son chien-guide.

J’attendais beaucoup de cet événement. Je me suis sentie comme un poisson dans l’eau. Non, comme une professionnelle qui accomplit son métier à part entière, pas juste une personne handicapée qui veut accomplir son boulot. 

Ça ne vous parle peut être pas, mais c’est toujours énorme pour moi qui n’entends pas. Je n’ai pas eu à demander si c’était le cas ou pas.

La transcription de la parole est de plus en plus utilisée dans les conférences, ce n’est pas un automatisme pour toutes les conférences mais ça évolue !

J’ose penser que c’était aussi le cas pour les professionnels du numérique (hommes et femmes) ainsi que ceux et celles qui font de l’accessibilité. Professionnels que nous sommes, nous sommes parfois un peu éparpillés partout en France. Il n’est pas toujours évident de faire entendre l’importance de ce sujet. Les revoir, pouvoir échanger avec eux de vive voix, c’est une source de reboost d’énergie. Comme un shoot de jus d’orange bien vitaminé ! Le constat est que nous devenons de plus en plus nombreux à exercer dans ce domaine. Il est intéressant d’échanger sur le sujet de l’accessibilité, quel que soit le chemin emprunté pour arriver au même objectif final.

À la Maison de la Radio, j’ai vu de nombreuses conférences qui m’ont appris des choses comme à chaque édition. J’attends avec impatience l’enregistrement des minis-conférences auxquelles je n’ai pas pu assister car il m’a fallu faire un choix de ce que je souhaitais voir, mais tous les sujets m’intéressaient. 

Les sujets abordés sont variés. Ils vont du législatif (entre autres les sanctions et le sujet européen) aux différents domaines telles que l’inclusion des personnes handicapées, les bibliothèques, la formation et l’enseignement, la mobilité urbaine, des retours d’expérience en passant par les jeux vidéos et les IA pour finir avec des ateliers pratiques. 

 A11yParis a été rendu accessible en transcription directe de la parole ainsi qu’en langue des signes pour les personnes malentendantes et sourdes. Il y avait également des bénévoles à disposition pour les personnes handicapées qui demandaient une assistance. Les chiens-guides étaient bienvenus.

Cet événement m’a rappelé encore une fois que l’accessibilité est un élément essentiel de ce que nous pouvons produire au quotidien quelle que soit son application, elle se doit d’être présente partout pour que les personnes handicapées fassent partie intégrante de notre société. 

Comme le disait Jérémie Boroy sur FranceInter le 26 avril : « l’inaccessibilité est un délit ». Les lignes bougent d’année en année, peut être pas assez vite à mon goût mais c’est tant mieux. 

Comme très souvent, chaque événement plante une petite graine dans mon esprit (encore une !) je vais laisser celle-ci germer un peu et je reviendrai la partager avec vous. 

Merci à Frédéric Halna et Manuel Pereira ainsi que Tanaguru et l’association Valentin Hauÿ. Merci également aux mécènes qui ont permis la tenue de cet événement La Caisse des Dépôts, AccessLab,  AcceoTadeo, Ideance, Ezymob, ContentSquare Foundation et Temesis pour ce bel événement ! 

En visio : grand moment de solitude

Texte blanc sur fond noir : "Is it the same or not? If we decide not to go on talking"

J’ouvre mes mails, je vois une invitation à une réunion en visio de dernière minute. Mon cerveau se met à tourner à 200 à l’heure. Que fais-je ? J’y vais, j’y vais pas, je prends une aide technique, je prends tel outil pour m’aider, j’y vais comme ça, est-ce que j’appelle mon correspondant ? 1000 questions dans la tête en une fraction de seconde.

C’est la vie d’une personne sourde qui peut potentiellement assister à une visio.

Je décide malgré tout d’y aller comme ça, sans aide technique en me disant que j’allais compter sur le sous-titrage de ce logiciel qui supporte la réunion. Teams. Teams, l’outil de réunion en ligne de Microsoft. Très bien. On pourrait penser que tout est parfait.

Je me connecte, plein d’interlocuteurs et interlocutrices représentées par leurs initiales. Aucune caméra activée. Premier moment de solitude. Mon désarroi ne se voit pas puisque j’ai coupé aussi ma caméra, inutile de me faire remarquer dans ces moments-là.

Je branche mes implants cochléaires sur mon micro qui va me permettre de les entendre. J’entends, je saisis quelques bribes, mais mon cerveau me dit : « Attends Sophie, ta charge cognitive elle augmente dangereusement là, fais attention ! »

Je décide d’activer les sous-titres de Teams, pour voir ce que ca va donner, avec un petit espoir au fond de moi qui espère pouvoir quand même suivre cette réunion.

Nouveau grand moment de solitude : les sous-titres sont en anglais. Oui. Les interlocuteurs parlent en français, mais le logiciel s’il n’est pas paramétré, il est par défaut sur la version anglaise. Et donc … Impossible de comprendre !

Une reconnaissance vocale programmée sur de l’anglais qui tente de comprendre du français, ca donne du charabia. Et ça, personne n’y pense.

Chers interlocuteurs, interlocutrices, si vous vous exprimez en français sur vos visios, pensez à paramétrer dans les paramètres de langage, la langue par défaut : le français.

Oui, j’aurais pu utiliser mon aide technique qui m’accompagne tous les jours, mais j’étais un peu bloquée matériellement, et oui, j’aurais pu utiliser la dictée d’un autre logiciel mais ca implique de laisser mon micro d’ordinateur en haut-parleur alors que j’ai besoin d’avoir le son directement dans mes oreilles.

En espérant ne plus avoir ces moments de solitude si désagréables…

Rendre un podcast accessible aux sourds

Jacques Villeret dans la Soupe aux choux

Les podcasts ont la côte ces derniers mois, tout le monde s’y met. Si on regarde d’un point de vue général, c’est un format pratique, je le comprends, je peux le charger avant de partir de chez moi et l’écouter sur mon trajet de transport, pendant que je fais une course à pied ou encore pendant la préparation du repas du soir, etc… 

Pourquoi écouter des podcasts si t’es sourde ? 

Avez-vous imaginé comment je pouvais m’approprier ce nouveau média ? Impossible pour moi de l’écouter sans avoir un texte sous les yeux.

Dans le cadre de ma rééducation sonore je peux faire cet effort mental de relier le son que j’entends et le texte que je lis. Je ne le fais pas assez souvent car c’est assez énergivore.

J’ai cherché des podcasts où ça ne parlait pas trop vite, le son n’est pas trop parasité par la musique ou trop mauvais, un sujet qui peut être intéressant. Il me faudrait des podcasts très courts et retranscrits pour commencer. C’est un moyen de faire de la rééducation auditive et sonore de façon sympa quand on a des implants cochléaires. J’en ai trouvé quelques uns que je vous partagerai sur un autre billet. 

Et, enfin, avoir accès à l’information comme tout le monde sans avoir à faire des efforts pour comprendre. 

Les formats 

On a la radio qui est un format audio diffusé en direct, autant dire que je n’ai jamais vu jusqu’à aujourd’hui d’émission radio qui diffuse des sous-titres ou un texte en direct. Si ça existe, partagez le lien ! 🙂

Le podcast est un format audio pré-enregistré ou un replay de la radio en direct. 

Et dans ce que je connaissais jusqu’à aujourd’hui, je me suis rendue compte. Il y a trois styles :  

  • Le podcast 
  • Le podcast sous-titré sur une plate-forme vidéo
  • Le podcast retranscrit à l’arrache

J’ai fait l’expérience avec trois podcasts, mais les styles sont bien plus nombreux que je pourrai éventuellement détailler dans un autre billet.

Premier exemple : le podcast 

Il n’était pas accessible, j’ai cherché un moyen rapide de retranscrire le son sans rien demander à personne. La dictée. Oui, la dictée.
J’ai trouvé ça fastidieux et long. Un podcast de 50 minutes, il faut lancer son ordinateur et attendre que la transcription se fasse en temps réel. 
J’avais 2 options, la première étant de lire au fur et à mesure, la seconde attendre et lire la retranscription.

Si je compare avec une personne qui entend, j’ai perdu 50 minutes de mon temps à avoir la transcription bloquée derrière ma machine alors que mes copines par exemples auront pu faire autre chose en même temps, du style tricoter !

Second exemple : le podcast sous-titré sur une plate-forme vidéo

C’est un podcast « sous-titré » sur une plate-forme vidéo. Le sous-titre est incrusté sur une image figée tout le long de la durée. Il n’y a pas moyen de modifier le format du sous-titre puisqu’il est « imprimé » directement sur l’image.

Certains podcasts demandent à ce qu’on reste derrière l’écran durant la durée. Regarder mon écran d’accord, ça c’est possible.
Une même image pendant 10, 15, 20 minutes avec seulement des sous-titres incrustés en plus ? 

Si je prends ce format, je peux pas faire une course à pied et regarder ce podcast sous-titré. Imaginez le nombre de poteaux sur mon trajet que je me prendrais ! C’est à mon sens, contre-productif.

Troisième exemple : le podcast retranscrit à l’arrache 

C’est un podcast qui a une transcription textuelle de son contenu audio.

Il y a un pré-requis pour que l’accès à l’information soit équitable pour toutes et tous : diffuser le support audio et écrit sur la même interface, sinon ça n’a pas de sens.
Devoir chercher une transcription placée sur un site sans que son lien soit diffusé sur les différentes plates-formes de podcasts … et inversement, trouver un podcast mais ne pas savoir s’il y a une transcription quelque part.

Ou encore trouver un podcast avec un texte de 3 kilomètres dans la description du podcast, ce n’est pas une solution idéale ! On ne sait pas si c’est un contenu intégral, synthétique. 

Et le RGAA dans tout ça ?

RGAA veut dire Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité, il est appliqué en France. C’est une méthode technique qui permet de vérifier qu’un contenu web est conforme. (j’ai simplifié au max pour perdre personne)

La méthode technique du RGAA permet de vérifier que tout contenu HTML est conforme aux 50 critères de succès des niveaux A et AA de la norme internationale WCAG 2.1 qui ont été retenus dans la norme européenne de référence pour établir le niveau d’exigence légale en matière d’accessibilité numérique.

https://accessibilite.numerique.gouv.fr/

En faisant cet effort de transcrire le contenu de votre podcast, vous cochez les cases des critères suivants (attention, il y en a d’autres pour d’autres cas de figure) :

  • Critère 4.1 – Chaque média temporel pré-enregistré a-t-il, si nécessaire, une transcription textuelle ou une audiodescription (hors cas particuliers) ?
  • Critère 4.2 – Pour chaque média temporel pré-enregistré ayant une transcription textuelle ou une audiodescription synchronisée, celles-ci sont-elles pertinentes (hors cas particuliers) ? 

En résumé

Ma préférence va à la transcription du podcast.
Avec cette technique, je peux choisir d’accéder à ces podcasts à n’importe quel moment dans ma journée sans dépendre de la technologie et de personne.

La transcription doit avoir les éléments suivants et diffusée sur le support audio : 

  • Titre du podcast et de l’émission
  • Auteur/autrice ainsi que les intervenants
  • Date de diffusion
  • Minutage (option)
  • Nom de la personne qui parle et ses propos
  • Ajout d’informations (voix-off, musique, bruits présents dans le podcasts)
  • Suppression de tics de langage
  • Disponible en téléchargement au format texte pour être accessible au plus grand nombre et sur tous les supports. 

Quelle technique pour transcrire du son en texte ? 

Je n’ai pas préparé de liste de logiciels. Uniquement des conseils : 

  • Utiliser la dictée vocale pendant l’enregistrement et relire ensuite (c’est ce que j’ai fait pour mes premiers podcasts que je voulais écouter), en cherchant un peu, vous en avez forcément une sur votre machine,
  • Utiliser des outils (speech-to-text) permettant de le faire,
  • Reprendre le script de votre émission et le compléter au clavier manuellement pour corriger les erreurs.

À vos micros et claviers !

Les sous-titres, c’est pas automatique ! 

Moi en train de présenter la conférence devant une salle remplie à Paris Web. Sur l'écran est indiqué le titre suivant : "je veux un vrai sous-titrage !"

La nouvelle tendance sur internet est de publier un média vidéo (enregistré ou en live) quel que soit le réseau. Je n’ai pas mis d’images volontairement car je ne veux pas viser qui ce soit.

Blanc sur blanc : des sous-titres blanc incrustés dans l’image de la vidéo

L’intention d’incruster des sous-titres part très certainement d’une bonne intention. Une vidéo, c’est une image qui bouge, en l’occurrence qui a des couleurs qui varient de temps à autre. Il peut arriver qu’on ait des zones claires voire blanches sur le bas de l’écran : du blanc sur du blanc. 
Ça devient vite illisible.

Astuce : si vous incrustez le sous-titre sur la vidéo, mettez un fond noir opaque pour améliorer la lisibilité. En plus, vous aiderez les personnes qui ne voient pas très bien les contrastes de couleur. Désactivez le sous-titrage automatique si c’est le cas d’un sous-titrage incrusté. Vaut mieux un bon sous-titre que 2 mauvais.

Automatique : des sous-titres générés automatiquement 

Excellente idée, cela permet de gagner un temps précieux puisque l’interface fait le travail toute seule. Il peut y avoir une reconnaissance de la bande sonore. On y retrouvera souvent la transcription automatisée de la parole et des indications s’il y a une présence de musique.
Par contre, attention, s’il y a un usage des termes un peu techniques ou spécifiques, ça part très vite en sucette. Activer c’est bien, vérifier c’est mieux ! 

Astuce : exportez les sous-titres et vérifiez le contenu de ces sous-titres s’ils correspondent à ce qui est sur la bande sonore. S’il vous reste un peu de temps, essayez de couper les phrases correctement. C’est assez pénible de devoir recoller les morceaux quand c’est mal coupé, non ? 

Les 2 premières minutes : des sous-titres au début de la vidéo

Une vidéo sous-titrée, c’est génial ! On se laisse vite prendre par la vidéo et au bout de 2 minutes il n’y a plus de sous-titres. 
À qui ce n’est pas arrivé de regarder une vidéo en se disant : « c’est bon, je suis tranquille pas besoin de mes écouteurs ». Et plouf, les sous-titres disparaissent.
Soit il y a un souci de licence (gratuit vs payant), soit vous avez eu une coupure dans votre action et vous avez oublié par la suite, soit la flemme de finir parce que c’était trop long. 

Astuce : faites les choses jusqu’au bout ! Imaginez qu’on fasse la même chose avec le son 🙂

Placement du sous-titre sur la vidéo

Un réel qui a des sous-titres incrustés, génial d’y avoir pensé ! Souvent, les sous-titres sont pas bien placés selon le support de diffusion. Les réseaux sociaux ont chacun leurs spécifications techniques. Par exemple sur instagram, les informations de la vidéo vont être au même niveau que le sous-titre, il faudra mettre l’écran en pause à chaque affichage de sous-titre. C’est, comment dire… pénible !

Astuce : Adaptez le positionnement du sous-titre comme vous adaptez le format de la vidéo qui est diffusée. 

Les sous-titres, ce n’est pas automatique !
Il y a encore des habitudes à prendre pour que tout le monde, moi la première, puisse y accéder confortablement. 

C’était l’avant-dernier billet pour clore ce calendrier de l’avent 2022.
Vous pourrez me retrouver sur mon blog : https://www.sophie-drouvroy.com en 2023

Jour 23 – La photo a été prise par un photographe lors de l’édition 2011 de Paris Web. (faites moi signe pour que je crédite la photo !)