La montagne, un an plus tard…

Vue depuis le mont Bochor vers les 3 vallées, ciel bleu, montagnes recouvertes de neige

Ma semaine de vacances, je la savoure d’autant plus que ces derniers mois ont été intenses. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu cette sensation d’impatience de voir les vacances arriver. Je reviens sur les mêmes lieux que l’an dernier en montagne et je constate déjà une différence sonore par rapport à l’an dernier.

Quand nous sommes partis de Paris, je me suis sentie vidée de toute mon énergie, avec un besoin de recharger mes batteries physiques, mentales. Ô combien nécessaires à mon quotidien. Depuis deux mois, je stagne auditivement sur un palier. Et ça, ça m’embête. Vraiment.

Moi qui ai dû apprendre la patience, apprendre à attendre les fameuses 3 semaines de silence total, apprendre à ne pas être frustrée parce que mes implants cochléaires ne me donnaient pas satisfaction, apprendre la patience. Encore aujourd’hui, j’apprends.

Aller chercher les sons, ceux qui sont les plus imperceptibles car je ne les ai jamais entendus. Ce sont les plus durs à trouver. Il faut arriver à trouver le signal et le retransmettre à quelqu’un qui entend pour qu’il me dise ce que c’est pour que je puisse l’enregistrer dans ma mémoire. Mon orthophoniste m’avait prévenue en me disant qu’il fallait que je travaille quotidiennement mon audition, ma mémoire auditive. Qu’il faudrait y aller avec les dents chercher ces sons que je ne connais pas encore pour encore améliorer mon audition bionique. J’en ai peut-être déjà parlé ici. J’ai encore ce courage.

Un ami m’a demandé : « alors ce scrounch, scrounch, ca donne quoi ? » 

Honnêtement, entendre la neige crisser sous mes pieds, c’est un son encore bien différent de celui de l’an dernier. J’aime ce son. ❤️
Je le savoure encore plus parce que j’ai travaillé durement mon audition cette année.

J’ai reconnu d’emblée les sons qui m’étaient familiers, le son de la mécanique du télésiège, celui de la barre du tire-fesses qui revient dans le tas de barre, un son bien métallique. Entendre le claquement du serrage des sangles des chaussures de ski, le « clac » quand tu les chausses. Les virages que je fais : si je les fais les skis serrés ensemble, ou en chasse-neige, le son n’est encore une fois pas le même. Le son du ski qui passe une piste fraîchement dammée, une piste avec de la neige ramollie par le soleil ou encore de la neige verglacée, ce sont autant de sons différents que de situations.

Je me suis surprise à entendre ce que disaient les gens sans forcément les regarder « bonjour », « bonsoir », « comment allez-vous ? », « merci ». Certainement des mots insignifiants pour vous mais tellement importants pour moi. Ce sont des mots que je reconnais sans avoir besoin du visuel, de regarder la personne. Je me rends compte que petit à petit, mon audition se base sur les sons et non plus sur le visuel (donc comprendre la lecture labiale). Les sons évoluent eux aussi, ils sont pas pareils. Ils sont bien plus précis que l’an dernier.

Tous les matins, nous avons un groupe de mésanges qui chantent sous notre fenêtre. Je suis telle une enfant, émerveillée, la fenêtre ouverte (avec minipixel qui râle derrière parce qu’il fait un peu frais dans la chambre) à les observer, à essayer de voir quand elles ouvrent leur bec et entendre ce chant qu’elles produisent.

Un nouveau bruit est venu se rajouter à ceux de l’an dernier, est celui du crissement du snowboard de mon fils. Le son d’un ski sur la neige et d’un snowboard est bien différent. Cette fierté de pouvoir parler avec lui au loin, cette fierté de pouvoir lui dire les choses sans avoir à m’inquiéter si je parle trop fort ou pas. C’est énorme.

Par contre, une chose est certaine : à mon arrivée, j’étais bien fatiguée. Je comprenais plus rien. C’est vraiment une station où les gens s’adaptent à toi, dès qu’ils voient que tu as des « appareils » (ils ne font pas la différence avec les implants cochléaires, mais ce n’est pas bien grave), tout de suite, ils font des efforts. Ou alors, c’est moi qui ai bien progressé, et qui comprend mieux les gens. Je ne sais pas. C’est difficile de juger soi-même.

Par contre, je prends vraiment plaisir à écouter quand je suis seule sur le télésiège, ce silence de montagne, qui n’en est pas vraiment un mais qui a une intonation particulière à lui tout seul. J’assimile ce son aux cîmes des montagnes qui ont parfois le soleil rasant, regarder les détails de ces montagnes, des rochers qui la constituent ainsi que les couches de neige.

Une chose est certaine, je n’aime pas du tout les bruits des couverts dans les restaurants, ni le cri aigu de la colère chez l’enfant petit, ce sont des fréquences qui me sont insupportables puisque les aigus je ne les entendais pas avant…

Prochain billet, je vous raconterai ma ballade en raquettes.


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