Aux dernières nouvelles, je parlais d’entendre le battement d’ailes de papillon. Seuls les insectes peuvent les entendre ainsi que les oiseaux.
Voilà maintenant 8 mois que j’ai mes implants cochléaires. J’ai envie de dire que ces dernières semaines, j’ai passé pas mal de temps à faire la différence entre le bruit et le son.
Le bruit est un ensemble de sons qui n’est pas agréable à entendre. Le son est un ensemble de vibrations auditives n’ayant pas forcément une harmonie. Les définitions ne sont certainement pas celles du Larousse.
Quand il a plu, je me suis surprise à écouter ce son qui était parfois agréable et parfois désagréable.
La pluie qui tombe sur un toit en zinc, un velux, un store banne ou un piscine. Le son est différent selon la surface, je ne pensais pas que ce serait aussi varié. Pendant une séance d’orthophonie, j’ai entendu la pluie tomber sur un toit en zinc, j’ai trouvé ça désagréable.
Le monde sonore est très riche en détails. Mon cerveau et ma sensibilité ont encore du mal à gérer cette multitude d’informations. Parfois, il y a tellement de détails que je trouve que les sons sont forts alors qu’ils ne le sont pas forcément pour mon entourage. J’apprends encore à assimiler et à encaisser psychologiquement les différentes tonalités de sons quelque soit le volume.
Les voitures qui roulent sur le bitume par un temps ensoleillé et par un temps de pluie, il paraît que ce n’est pas le même son. Je n’ai pas réussi à faire la différence encore. C’est peut être un détail inutile certes mais important pour moi.
Les séances d’orthophonie sont toujours au rythme de 2 par semaine. C’est un rythme soutenu mais qui en vaut la peine. Je progresse. J’arrive de temps en temps à comprendre des petites choses par-ci par-là. Ce sont principalement des phrases courtes, je ne m’en rends pas forcément compte.
J’ai commencé en parallèle des séances de rééducation, à écouter des podcasts, de la musique, des livres audio. Jamais, je n’aurais imaginé pouvoir le faire un jour.
La radio on peut oublier, ça va trop vite. Les paroles ne sont pas toujours audibles.
Les podcasts j’ai testé mais le débit de la parole est trop rapide.
Le seul podcast que j’ai écouté est celui de la Riviera Détente, retranscrit entièrement à l’écrit. Je n’ai pas réussi à retrouver les mots sans support écrit sous les yeux. La seule chose que j’ai réussie à reconnaître ce sont les moments où les auteurs rigolaient (grassement j’ai trouvé mais peut-être que je me trompe).
La musique est un exercice un peu différent mais efficace à double sens.
Elle permet de travailler la reconnaissance de la sonorité des mots, mais aussi d’enrichir la culture musicale. L’application MusixMatch sur iOS reconnaît et retranscrit les paroles, qu’elles soient en français ou une autre langue, en live.
La difficulté est de faire la distinction entre la musique et les paroles.
Au quotidien, la compréhension de la parole est différente. Les gens ne chantent pas forcément quand ils communiquent mais c’est un moyen d’entraînement comme un autre. L’idée est d’entraîner le cerveau en permanence et par tous les moyens (agréables, ça va de soi !)
Les livres audio, je les écoute avec un support écrit sous les yeux pour l’instant mais arriver à suivre la parole, c’est assez ardu comme exercice. J’ai testé trois livres audio, les voix varient. J’utilise principalement des livres audio où le narrateur a une voix posée et sans ambiance sonore. Ça revient cher pour l’instant puisque j’achète le livre en double exemplaire. Je n’ai pas pris d’abonnement à une bibliothèque audio, ce serait pas rentable vu que je suis assez lente à écouter un livre audio. Bernard Giraudeau est mon préféré. Il a une voix claire.
Il y a aussi des livres animés pour enfants qui sont plutôt bien racontés et sans musique. On entend bien les mots qui sont prononcés. Les voix sont claires et parfois un peu calquées sur le ton de l’histoire. L’histoire n’est pas monotone à écouter.
J’ai envie de dire aussi que je recommence à sortir de ma bulle, même si ça reste encore difficile psychologiquement, la gestion de tous ces sons et ma relation avec l’humain. Je suis contente d’entendre, de retrouver voire même plus que ce que j’entendais avec mes appareils.
Dans la bi-implantation, la gestion du choc psychologique n’est pas assez préparé voire meme anticipé car on ne sait pas comment les gens peuvent l’accepter, le comprendre ni le gérer.
De tout ce que j’ai pu lire, entendre et voir : il ne faut pas baisser les bras et être patiente.
Je commence à voir le bout du tunnel même s’il me semble encore très loin.