Partie de billard : c’était il y a un an déjà

C’était il y a un an que je passais sur le billard au bloc.
C’était il y a un an que j’avais choisi le chemin de la bi-implantation.
À l’heure où j’écris mon billet, ils étaient en train de m’opérer où j’en ressortirai qu’à 22h sans pouvoir prévenir mes proches.
L’an dernier, à ma sortie de la salle de réveil, j’ai juste vu une infirmière qui m’a souhaité une belle vie sonore, je n’ai pas son nom, j’aurais bien aimé.
Quant à mes proches, je ne les ai pas vus quand je suis remontée dans ma chambre, même mon conjoint n’a pas pu monter, ils avaient refusé.
Je ne le verrai que le lendemain. C’est une chose qui m’a marquée et qui me remue encore les tripes aujourd’hui.

Déjà un an qui s’est écoulé. Garder que le positif de cette année qui vient de s’écouler, la première chose que je me dis est qu’est-ce qu’elle a été à la fois longue et courte.

Il y a eu des découvertes incroyables, formidables, aussi bien en sons qu’en personnes. Je n’ai pas perdu de sons en route, j’en ai découvert des nouveaux, retrouvé certains.

Des amis, j’en ai perdu en route mais j’en ai gagné d’autres. Et je les remercie d’être là aujourd’hui. Merci à vous de m’entourer si bien aujourd’hui. Merci à vous de m’aider à reconstruire mon nouvel univers sonore. Continuer la lecture de « Partie de billard : c’était il y a un an déjà »

Bavard comme une pie

Pies sur un rateau d'antenne

J’étais presque arrivée à mon domicile ce matin, je m’apprêtais à traverser le trottoir. J’ai entendu un son qui ne m’était pas inconnu mais qui n’arrêtait pas. Il était vraiment aigu.

Je me suis arrêtée. J’ai levé la tête, j’ai continué à avancer jusqu’à me rapprocher au plus près du son qui était aigu mais que je n’arrivais pas à remettre.

Une fois que j’eus mis un nom sur ce son si aigu et incessant, je suis restée peut être 10 minutes à l’écouter au milieu du trottoir. C’était drôle.

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#NonAuHarcèlement

Pour faire écho à l’enfance publiée ce matin sur mon blog, je me permets de rebondir sur le #NonAuHarcèlement. Encore une fois, une campagne qui me fait sortir de mes gonds parce que je suis aussi maman d’un petit garçon de 10 ans.

Ne connaissant pas vraiment l’origine de ma surdité, il aurait pu naître sourd lui aussi. Ce n’est pas le cas et il est quand même concerné par cette campagne. Mais je pense aux enfants sourds / malentendants, qui eux encore une fois, vont être oubliés puisque cette campagne ne comporte qu’un numéro principal :  le 3020 ainsi que 2 numéros verts (« Net écoute » et  « Non au harcèlement ») Continuer la lecture de « #NonAuHarcèlement »

Paris Web 2017, une superbe édition

Voilà une nouvelle édition qui vient de se terminer.

En 2010, j’avais un rêve c’était d’aller à Paris Web.

En 2011, mon rêve s’est réalisé, j’y suis allée en tant qu’oratrice, première fois où j’ai parlé devant un public. J’ai, par ailleurs, profité de la vélotypie et de temps à autre de l’équipe d’interprétation LSF.

Depuis 2011, il y a eu quelques personnes sourdes qui sont montées sur la scène, et j’espère qu’il y en aura d’autres. Merci Emmanuelle , Olivier et Stéphane ainsi que Sandrine et Fanny qui maitrisent la LSF.

En 2017, c’est un moi « en transition », mais j’ai préféré être avec vous que derrière mon écran.

C’est la deuxième année consécutive que je suis présente dans le staff, le cœur de l’association. En étant dans l’équipe d’organisation, on ne vit pas l’évènement de la même manière qu’un•e auditeur•e ou un•e orateur/oratrice (ne croyez pas que j’ai vu toutes les conférences, non, une seule, j’attends moi aussi avec impatience les vidéos sous-titrées – d’ailleurs je compte sur vous !).
Je ne vous dirai pas tout ce qui se passe dans les coulisses, ni dans les lieux fermés tenus au secret 🙂

Cette année, je n’ai pas été aussi présente que je l’aurais voulu, mais je suis heureuse d’avoir pu participer de loin ou de près (je laisse juge ceux qui sont concerné•e•s). Il y a toujours eu cette prise de conscience d’inclusion. Quand il y avait les réunions staff qui se déroulaient pour la plupart sur Skype, il y a toujours eu une personne qui synthétisait le tout. C’était suffisant pour moi pour suivre de loin les choses.

J’avais peur de ne pas y arriver.

Je suis contente d’avoir pu dépasser cette peur de la foule, du bruit ambiant avec mes nouveaux processeurs et la fatigue qui va avec.

Il est évident qu’il y a eu des moments où j’ai eu méchamment mal à la tête, où j’ai lâché prise, où j’ai craqué à cause de la fatigue, où j’ai pas pu suivre les conversations de groupe.

Je suis contente de m’être déguisée en bisounours rose et de voir qu’il était encore attendu par certaines personnes à l’apéro communautaire. Il ne faut pas croire que c’est facile pour moi de le faire, il faut juste se dépasser. Et je me rends compte qu’il fait finalement partie de moi, cet ours rose.

Je remercie les personnes qui ont osé venir me voir, échanger avec moi et parfois même me poser quelques questions qui étaient difficiles à formuler.

Je remercie les personnes qui m’ont soutenue en me disant qu’ils me lisaient, ça fait du bien aussi de le savoir et ça m’avait manqué ! (N’hésitez pas à me le dire des fois par mail, ça aide dans les coups durs, mine de rien)

Je remercie les personnes qui m’ont aidée à comprendre quand j’étais en difficulté pour comprendre.

Je remercie les personnes qui avec toute leur bienveillance ont partagé des moments de silence.

Être à l’accueil de l’évènement, 11 mois après mon opération : accueillir les gens alors que ma compréhension n’est pas parfaite, alors que je supporte difficilement le bruit, c’était un défi énorme pour moi personnellement, je suis fière de l’avoir fait.

Je remercie le staff de m’avoir fait confiance.

C’est un des meilleurs moments même s’il fût difficile de temps en temps à gérer.

Grâce à vous, je me suis encore une fois dépassée.

J’espère que cette nouvelle édition 2017 vous aura autant plu qu’à moi.

Note : le billet n’est peut être pas parfait, bien léché, mais il vient du cœur en toute sincérité.

Mes autres billets :

Paris Web 2017 : Sophie mode d’emploi

Paris Web

Cette année, je suis encore dans le staff de Paris Web et vous me verrez pendant 3 jours.

Une fois n’est pas coutume, c’est Oxymore qui vous donne ce petit mode d’emploi parce que tous les sourds sont différents et que ma femme n’est pas comme d’habitude.

Voici un petit résumé des questions que vous pourriez lui poser sachant qu’elle a été bi-implantée il y a 10 mois :

  1. Elle est toujours sourde
  2. Elle a énormément mal à la tête parce qu’elle entend beaucoup plus de sons qu’avant
  3. Cette surcharge de sons fait qu’elle est souvent très fatiguée
  4. Si elle ne t’a pas dit bonjour, c’est qu’elle ne t’a pas vu•e et encore moins entendu•e
  5. Ce sera sans doute plus difficile cette année d’avoir de longues conversations et surtout à plusieurs personnes avec elle

Conclusion : Si tu vois qu’elle fronce les sourcils ou qu’elle n’est pas aussi souriante que d’habitude ou même en train de pleurer, pardonne-lui cette année, elle est plus sensible.

PS : Ce billet n’est pas pour vous faire rire mais pour prévenir un peu.
Elle aurait pu rester chez elle mais elle préfère être avec vous.

Je ne dirai pas Game Over.

Paquet de mouchoirs vide de marque Lotus

Certains ont vu passer sur les réseaux sociaux, une photo d’un paquet de mouchoirs vide accompagné d’un texte plutôt triste que je remets ici pour mémoire.

Je dirai pas Game Over. Pas encore. Entendre est quelque chose qu’on imagine pas que ça puisse être difficile pour d’autres. Je ne trouve pas ou plus les mots. Ma ténacité est en train de me lâcher. Mon cerveau est saturé. Ma motivation est là mais tiraillée par plusieurs sentiments. Les yeux sont humides, trop humides. Les pensées se bousculent, c’est le bordel dans ma tête et je ne sais pas à qui en parler. Je suis épuisée. En attendant, j’ai mis mes oreilles sur pause. #newsophie (et non, c’est pas une pub pour Lotus, ben ouais.)

Depuis le début de l’aventure de ma bi-implantation, j’ai toujours exprimé mes émotions avec pudeur. Mes émotions ont été aussi temporisées par le fait qu’ici, est un lieu qui est lu par tous. Par souci pour mes proches en particulier et mes amis, je ne me suis jamais totalement épanchée par mes écrits. Peut être que ce sera le cas ici, je ne sais pas.

Je repense à un billet récemment écrit par mon amie, Kreestal. Il est tellement difficile de s’exprimer sans crainte, avec insouciance comme on le faisait à l’époque du début de l’Internet en France, qu’aujourd’hui, tout est pesé, calculé, pensé et jugé.
Pour une fois, je n’ai plus envie de me modérer, de me retenir, d’avoir peur des jugements des autres. Ce carcan qui m’entoure, j’ai envie de m’en libérer, j’ai envie de dire les choses qui ne se disent pas. Dire : Et alors ?
J’ai juste envie de m’exprimer en tout liberté mais au fond de moi, quelque chose me dit que ce n’est pas possible. Un pas devant l’autre, tout vient à point de toute façon.

J’ai eu un rendez-vous de réglage à l’hôpital mercredi. J’attendais le rendez-vous avec impatience depuis 15 jours. Ce dernier a été correctement effectué puisque nous avons baissé les aigus ce qui est déjà bien plus confortable pour moi.

Hier a été une journée où j’ai payé le contre-coup de ce mercredi, comme toujours, ce sont des moments qui sont joyeux mais aussi éprouvants car il y a toujours une part de nouveauté à chaque fois. Les sons s’affinent, ils sont de plus en plus nets. J’en suis ravie, il ne faut pas croire que je suis déçue, que je regrette, que nenni. Pas du tout.

Hier a été une journée où je me suis rendue compte que j’étais à saturation, que j’en avais marre de faire des efforts sans relâche, de ne pas savoir à qui en parler puisque c’est pas courant, de supporter, de me retenir, de dire que tout va bien, etc….
Accepter le fait que j’étais fatiguée tout court. Ne pas se voiler la face.
Accepter le fait que ma relation avec l’autre est en train de changer.
Il faut admettre que psychologiquement, ce n’est pas une mince affaire quoiqu’on en dise. Il faut s’entourer des bonnes personnes et pas n’importe lesquelles. J’ai quelques chouettes professionnels autour de moi, soyez-en certain•e•s.

Et finalement j’ai osé écrire ce petit laïus avec pudeur sur les réseaux sociaux. J’ai réfléchi, j’ai pesé mes mots, j’ai corrigé mille et une fois pour finir par la poster cette photo.

J’ai vu les réactions arriver. C’est aussi dans ces moments-là qu’on se rend compte que les personnes sur qui on voudrait compter sont absentes. Et d’autres qui se manifestent alors qu’on ne pensait pas qu’elles le feraient. C’est aussi dans ces moments difficiles qu’on se rend compte qu’on a perdu des personnes en cours de route.
D’autres sont apparues sur mon chemin, je les remercie d’être là aujourd’hui, c’est précieux.

Hier, pour la première fois de ma vie de sourde, j’ai osé ne pas porter mes implants cochléaires de la journée sur les conseils d’une amie qui me suit depuis le début <3.
Je n’avais jamais osé parce que j’avais cette peur de l’échec, que je ne veux pas échouer mais réussir. Mais parfois, il vaut mieux reculer pour mieux sauter. Ça ne m’était jamais arrivé de me plonger dans le silence volontairement (en dehors des 3 semaines de silence imposées par les suites opératoires). Je dois dire que cette soupape m’a fait du bien. Dans les temps à venir, je pense qu’elle va être mise en place de manière à pouvoir évoluer plus sereinement vers le monde entendant.

C’est certes long, mais je reste patiente.
Ma patience est maintenant forgée, je ne me dis plus qu’il faut être patiente, je me dis que chaque jour est différent, que chaque jour tend vers le mieux.

L’envers du décor de l’implant cochléaire

Implants cochléaires posés en forme de cœur

Ce billet est un peu spécial, j’exprime ce qui ne se dit pas sur la toile. On lira toujours que l’implant cochléaire est un outil merveilleux, magique, que c’est un outil qui fait renaître les personnes qui ont perdu l’ouïe.

On est dans une époque où la positive attitude est privilégiée et c’est tant mieux.

L’envers du décor, on ne l’exprime pas ou très peu.

Il y a des choses qui sont occultées à moins que j’aie mal cherché. C’est certes négatif mais parfois il faut dire les choses telles qu’elles sont. Il faut avoir le cran de le dire je pense.

Il faut avoir le cran de dire
que oui j’ai eu mal à la tête,
que oui les parties internes m’ont fait souffrir au début,
que oui parfois c’est dur (il y aura toujours des moments avec et des moments sans),
que oui ça va mieux,
que oui le pire est passé (ça, je ne sais pas…),
que oui il faut arriver à dompter le mental désormais.

Il y a des moments difficiles, très difficiles à tel point qu’on doit serrer les dents pour supporter, pour encaisser tous ces bruits qui nous entourent.

Ces bruits que je redécouvre chaque jour depuis 9 mois. Si je devais lister tout ce que j’entends, la liste serait longue, très longue. J’ai d’ailleurs arrêté d’écrire parce qu’il y en a trop. Ces bruits ne sont pas forcément pertinents au quotidien mais sont occultés par les personnes qui entendent depuis leur naissance.

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8 mois de bi-implantation

Aux dernières nouvelles, je parlais d’entendre le battement d’ailes de papillon. Seuls les insectes peuvent les entendre ainsi que les oiseaux.

Voilà maintenant 8 mois que j’ai mes implants cochléaires. J’ai envie de dire que ces dernières semaines, j’ai passé pas mal de temps à faire la différence entre le bruit et le son. 

Le bruit est un ensemble de sons qui n’est pas agréable à entendre. Le son est un ensemble de vibrations auditives n’ayant pas forcément une harmonie. Les définitions ne sont certainement pas celles du Larousse.

Quand il a plu, je me suis surprise à écouter ce son qui était parfois agréable et parfois désagréable. 

La pluie qui tombe sur un toit en zinc, un velux, un store banne ou un piscine. Le son est différent selon la surface, je ne pensais pas que ce serait aussi varié. Pendant une séance d’orthophonie, j’ai entendu la pluie tomber sur un toit en zinc, j’ai trouvé ça désagréable.

Le monde sonore est très riche en détails. Mon cerveau et ma sensibilité ont encore du mal à gérer cette multitude d’informations. Parfois, il y a tellement de détails que je trouve que les sons sont forts alors qu’ils ne le sont pas forcément pour mon entourage. J’apprends encore à assimiler et à encaisser psychologiquement les différentes tonalités de sons quelque soit le volume.

Les voitures qui roulent sur le bitume par un temps ensoleillé et par un temps de pluie, il paraît que ce n’est pas le même son. Je n’ai pas réussi à faire la différence encore. C’est peut être un détail inutile certes mais important pour moi. 

Les séances d’orthophonie sont toujours au rythme de 2 par semaine. C’est un rythme soutenu mais qui en vaut la peine. Je progresse. J’arrive de temps en temps à comprendre des petites choses par-ci par-là. Ce sont principalement des phrases courtes, je ne m’en rends pas forcément compte. 

J’ai commencé en parallèle des séances de rééducation, à écouter des podcasts, de la musique, des livres audio. Jamais, je n’aurais imaginé pouvoir le faire un jour. 

La radio on peut oublier, ça va trop vite. Les paroles ne sont pas toujours audibles.

Les podcasts j’ai testé mais le débit de la parole est trop rapide. 

Le seul podcast que j’ai écouté est celui de la Riviera Détente, retranscrit entièrement à l’écrit. Je n’ai pas réussi à retrouver les mots sans support écrit sous les yeux. La seule chose que j’ai réussie à reconnaître ce sont les moments où les auteurs rigolaient (grassement j’ai trouvé mais peut-être que je me trompe). 

La musique est un exercice un peu différent mais efficace à double sens. 

Elle permet de travailler la reconnaissance de la sonorité des mots, mais aussi d’enrichir la culture musicale. L’application MusixMatch sur iOS reconnaît et retranscrit les paroles, qu’elles soient en français ou une autre langue, en live. 

La difficulté est de faire la distinction entre la musique et les paroles.

Au quotidien, la compréhension de la parole est différente. Les gens ne chantent pas forcément quand ils communiquent mais c’est un moyen d’entraînement comme un autre. L’idée est d’entraîner le cerveau en permanence et par tous les moyens (agréables, ça va de soi !) 

 Les livres audio, je les écoute avec un support écrit sous les yeux pour l’instant mais arriver à suivre la parole, c’est assez ardu comme exercice. J’ai testé trois livres audio, les voix varient. J’utilise principalement des livres audio où le narrateur a une voix posée et sans ambiance sonore. Ça revient cher pour l’instant puisque j’achète le livre en double exemplaire. Je n’ai pas pris d’abonnement à une bibliothèque audio, ce serait pas rentable vu que je suis assez lente à écouter un livre audio. Bernard Giraudeau est mon préféré. Il a une voix claire.

Il y a aussi des livres animés pour enfants qui sont plutôt bien racontés et sans musique. On entend bien les mots qui sont prononcés. Les voix sont claires et parfois un peu calquées sur le ton de l’histoire. L’histoire n’est pas monotone à écouter. 

J’ai envie de dire aussi que je recommence à sortir de ma bulle, même si ça reste encore difficile psychologiquement, la gestion de tous ces sons et ma relation avec l’humain. Je suis contente d’entendre, de retrouver voire même plus que ce que j’entendais avec mes appareils.

Dans la bi-implantation, la gestion du choc psychologique n’est pas assez préparé voire meme anticipé car on ne sait pas comment les gens peuvent l’accepter, le comprendre ni le gérer. 

De tout ce que j’ai pu lire, entendre et voir : il ne faut pas baisser les bras et être patiente. 

Je commence à voir le bout du tunnel même s’il me semble encore très loin. 

Les voyages, l’espoir font vivre…

Minipixel avec une casquette sur une mer turquoise et ciel bleu.
Ce soir, je suis les pieds en éventail à l’ile Maurice avec mes deux gars… Profiter de ce petit vent qui est permanent mais qui te permet de ne pas cuire au soleil, déguster une noix de coco fraîchement tombée, plongée à 4 mètres voir les coraux sans les toucher ainsi que les poissons tellement colorés qui viennent te picorer les bulles d’air sur ta combinaison de plongée ou les avant-bras… ou encore aller manger un bol renversé chez « Salut les Copains » ou aller manger une assiette de fruits de mer qui en vaut le détour qu’on en est capable de traverser tout l’île rien que pour ce plaisir.
 
Dans une semaine, je suis à New York tous les 3, profiter de ceux qu’on aime pour les voir. Frank, Robin, Marlene et Marjena. Marcher, explorer les rues de Manhanttan, échanger avec les gens qui nous entourent dans certains magasins. S’asseoir, contempler, écouter ces mouvements de foule, la variété de langues qui se trouvent à NYC, entendre le bruit du ferry, aller voir Ellis Island, les lumières qui font rêver ainsi que la skyline.
 
Dans 15 jours, je suis avec mes gars et Emmanuel qui vit au Japon avec sa petite famille depuis très longtemps mais que je ne connais que par les réseaux sociaux et mon mari. Se retrouver avec nos familles, profiter de ce séjour pour découvrir le japon avec quelqu’un qui y vit comme lui ou Karl… Découvrir ces jardins japonais si zen entre autres…
 

Mais non chers amis, les voyages écrits plus hauts ne sont que des rêves qui font que j’ai encore de l’espoir de faire mieux, d’aspirer à une vie normale ponctuée de voyages rêvés. Non, je ne suis pas partie, ce ne sont que des rêves.

J’aimerais bien réaliser à nouveau après ces deux années difficiles au niveau de la santé. Redécouvrir ces sons, bruits d’ailleurs, je suis persuadée que ces voyages,  que c’est aussi une forme de réeducation.

La santé va mieux, le bruit est pas mon pire ennemi (honnêtement, il est pas loin), mais comme on pourrait dire : « c’est compliqué ». Je vais faire en sorte que ce soit pas compliqué à expliquer et donner quelques nouvelles dans quelques jours.

Un battement d’ailes…

Entre deux rendez-vous, je me suis assise dans un café. Seule à une table. J’entends mes voisines de table parler mais je ne les comprends pas. Il y a un bouhaha énorme. J’ai entendu le claquement des mains qui se tapent. J’essaie de tendre l’oreille sans les regarder, c’est peine perdue. 
Je tourne discrètement la tête. Je vois sur leurs lèvres qu’elles ne parlent pas français mais anglais ou américain. L’une d’elles a dit « fifteen ». 

Je vais pas détailler davantage la scène, ce sont des événements du quotidien. 

La lecture labiale est quand même ma meilleure amie, elle me sauve à chaque fois. Mes implants cochléaires sont complémentaires. Je me rends compte que j’en ai besoin pour communiquer plus aisément.

Ces derniers temps, je supporte très difficilement les bruits. Ca me fatigue. J’ai l’impression que tout le monde parle fort, mais non. C’est ma sensibilité qui a été remontée lors du dernier réglage car elle était plus basse que la normale. Je perçois davantage de détails. 

Dimanche dernier, j’ai pris un vêtement qui était sur la chaise de la salle à manger. J’ai entendu un bruit sec que je ne connaissais pas. C’était ma pièce qui était tombée par terre. J’ai été surprise du son que cela pouvait générer. Entendre une pièce tomber, ça ne m’était jamais arrivé encore. 

En fin de journée, j’aime m’asseoir dans le jardin pour écouter les chants d’oiseaux. L’heure avant le coucher du soleil, les oiseaux pépient davantage. On entend bien la différence quand le soleil est couché, la ville est plongée dans les bruits urbains. 

Il y a peu, j’ai entendu le battement d’ailes d’une tourterelle. C’était assez drôle et bizarre à la fois, à entendre. Première fois aussi. 

Je n’entends pas les battements d’ailes de papillons mais je me plaîs à les regarder devant ma fenêtre de bureau. C’est léger, furtif comme le son en quelque sorte. 

Je me rends compte que mon cerveau n’a pas été habitué à entendre autant de sons, autant de détails qu’il m’est encore nécessaire de faire des pauses de sommeil dans la journée pour mieux encaisser. 

Lâcher prise, ne rien faire, se forcer à ne plus analyser les bruits que j’entends depuis 7 mois. S’autoriser à se laisser aller, c’est pas simple quand le cerveau ou plutôt l’ouïe est tout le temps sollicitée. C’est l’objectif prochain.